Une offre insuffisante, des coûts dissuasifs: en Suisse, l’accueil extra-familial des enfants d’âge préscolaire ne répond pas aux attentes des parents. Nombre d’entre eux se voient ainsi contraints de renoncer à placer leurs enfants à la crèche, ce qui n’est pas sans conséquence sur le marché du travail.
Avec un taux de 37 pour cent d’actifs à temps partiel, la Suisse est vice-championne d’Europe en la matière. Or, plusieurs études montrent que de nombreuses personnes ayant des enfants à charge travailleraient à plein temps plutôt qu’à temps partiel si elles pouvaient recourir à des solutions de garde à moindre coût. En un mot, des structures d’accueil abordables offrent des incitations positives au travail.
Pour cela, un soutien financier accru aux crèches s’impose. Un tel encouragement serait également le bienvenu dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre généralisée. La question agite la Berne fédérale: pas moins de trois propositions sont sur la table. Trois propositions qui, en l’état actuel, en raison de leur coût et de leur mode de financement, doivent être rejetées.
Lancée en mars 2022, l’initiative populaire sur les crèches prévoit que chaque enfant dès l’âge de trois mois, et jusqu’à la fin de l’enseignement de base, puisse bénéficier d’un accueil extra-familial institutionnel. Le projet se heurte à un coût prohibitif: son adoption se traduirait par des coûts supplémentaires de plusieurs milliards de francs à la charge de la Confédération.
Pour rappel, les allocations pour enfants financées par les employeurs se sont élevées à près de 5 milliards de francs en 2021
La deuxième proposition, qui émane de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil des Etats, sera examinée en plénum lors de la prochaine session d’hiver. Ce modèle s’articule autour d’une nouvelle allocation de garde pour chaque enfant jusqu’à l’âge de 8 ans pris en charge dans un cadre institutionnel. L’allocation se monte à 100 francs par mois, augmentée de 50 francs pour chaque demi-journée de garde supplémentaire.
Cette solution doit être catégoriquement rejetée car elle mettrait encore plus fortement les employeurs à contribution. Pour rappel, les allocations pour enfants financées par les employeurs se sont élevées à près de 5 milliards de francs en 2021. De plus, les employeurs contribuent déjà aujourd’hui de manière substantielle aux coûts de l’infrastructure publique par le biais des impôts sur les entreprises.
La troisième proposition, adoptée en mars 2023 par le Conseil national, prévoit une enveloppe annuelle de 710 millions de francs destinée à l’accueil extra-familial qui doit permettre d’accorder un rabais de 20 pour cent aux parents des enfants placés dans une crèche jusqu’à la fin de l’école primaire. Cette solution peut être soutenue, à condition toutefois de limiter sa portée au préscolaire. Son coût serait ainsi substantiellement réduit sans pour autant affaiblir ses effets incitatifs.