«Qui nous sommes»: Daniella Lützelschwab

23 août 2021 5 questions à...

A intervalles plus ou moins réguliers, nous présentons sous cette rubrique, entre autres, les membres du secrétariat de l'Union patronale suisse (UPS). Daniella Lützelschwab dirige le secteur Marché du travail et droit du travail. Dans cette interview, elle parle de la «valeur ajoutée» liée à l’épisode Covid-19, des expériences fructueuses de son passage chez Swissmem et de l’utilité de son engagement en faveur d'une politique patronale efficace.

Depuis l’éclatement de la crise du coronavirus au printemps 2020, beaucoup de choses ont tourné autour du Covid-19 sur le terrain du marché du travail. Comment avez-vous vécu cette période jusqu’ici?

Avec le confinement et la fermeture des frontières, des locaux et des entreprises en mars 2020, des questions entièrement nouvelles se sont posées en un éclair pour notre secteur Marché du travail. Comment informer nos membres dans les plus brefs délais des mesures prises par le Conseil fédéral, qui changent pratiquement chaque semaine? Comment définir régulièrement et à court terme l’état d’esprit et les positions de nos membres, comment établir un contact direct avec tel ou tel décideur dans l’office fédéral compétent afin que nos membres puissent nous adresser plus efficacement leurs questions urgentes – qu’il s’agisse de l’indemnité de chômage partiel, de l’indemnité journalière APG ou des conditions d’entrée dans le pays – au lieu de passer par les hotlines déjà surchargées des services fédéraux? Ces questions ont abouti à la mise en place d’un nouveau et solide réseau de contacts dans la sphère des autorités fédérales, se prolongeant aussi parmi les collaborateurs personnels des conseillers fédéraux. Cela nous a permis entre autres de faire entendre des demandes pressantes. Parallèlement, les nombreuses conversations téléphoniques avec des collègues de secteurs ont aussi créé entre nous des liens forts, qui constituent pour moi la grande valeur ajoutée de cette période, une valeur que je souhaite ardemment entretenir.

Que vous a appris en particulier le travail en mode crise?

Non seulement ce régime, instauré à court terme entre nous, nos membres et les offices fédéraux, a bien fonctionné jusqu’à présent, mais nous avons également bien fonctionné en tant qu’ «association des associations», car le soutien entre les membres s’est révélé encore meilleur que d’habitude. Les gens ont mis à disposition leurs propres plans de protection ou avis juridiques, ce qui est plutôt moins fréquent en temps «normal», lorsque la valeur ajoutée de sa propre adhésion occupe le premier plan.

Je me retourne donc sur une période intense, marquée par de longues journées de travail et de longs week-ends, mais aussi de nombreuses discussions et d’appels téléphoniques utiles, où la pression des collègues des branches était perceptible face à la situation difficile de leurs membres.

Vous avez longtemps travaillé dans l’industrie des machines. Qu’avez-vous retenu de cette étape?

J’ai travaillé 14 ans chez Swissmem. Après 8 ans, j’ai pris la direction du département «Politique patronale» avec son équipe d’une dizaine de personnes à l’époque. J’étais notamment responsable des questions du droit du travail et des conventions collectives pour les entreprises de Suisse du Nord-Ouest, de Suisse centrale et du Tessin. J’étais souvent sur place dans les entreprises lors de conflits avec les syndicats – un peu plus rarement lorsque de nouvelles réglementations ou, par exemple, un nouveau modèle de temps de travail annuel étaient introduits et que la direction souhaitait savoir comment, le mieux possible, «garder à bord» ses propres employés. À ce poste, j’ai également été responsable des négociations de la CCT entre 2008 et 2013 ; j’ai pu approfondir ma réflexion et ma planification stratégiques et faire aussi bénéficier l’UPS d’une grande pratique opérationnelle dans ce domaine. Aujourd’hui, c’est un grand avantage, car je peux expliquer, à l’aide d’exemples concrets, ce que signifient réellement dans la pratique les diverses exigences en matière de CCT, pour en faire bénéficier notamment mon travail de lobbying politique.

Qu’est-ce qui vous intéresse particulièrement dans votre domaine du marché du travail suisse?

Ce domaine est très diversifié. Je dis toujours que ce qui n’appartient pas à la formation ou à la prévoyance sociale relève du marché du travail. Nous abordons des questions allant de la flexibilité du temps de travail à la problématique des mesures Covid-19, en passant par le débat sur les accords bilatéraux. Il y a donc toujours de nouveaux sujets ou de nouveaux contacts. Et j’apprécie particulièrement le fait que notre travail rend réellement service à nos membres. Ce qui m’amène à préciser du même coup que je ne me suis jamais ennuyée au cours des nombreuses années où je me suis occupée de politique patronale.

Quelles sont les éléments politiques actuels qui vous encouragent à penser que la Suisse conservera dans le futur un marché du travail flexible et fonctionnel?

Le flot des réglementations s’est nettement accru et la nécessité d’expliquer les points de vue et les requêtes des employeurs au Parlement et au public reste une tâche permanente. Ce qui me satisfait, néanmoins, c’est d’observer le «taux de pénétration» plutôt élevé de notre travail de lobbying. Nous suscitons de la compréhension pour nos revendications et contribuons à réunir les majorités nécessaires au Parlement pour barrer la route aux initiatives anti-patronales. Nous n’en sommes pas moins constamment sur la brèche. Si nous parvenons à stopper une intervention parlementaire aujourd’hui, nous pouvons être sûrs qu’une autre de la même veine sera déposée demain.