AVS: un avenir semé d’embûches

13 février 2023 Revue de presse Opinions

Après une campagne de votation houleuse, la réforme AVS 21 a été acceptée dans les urnes le 25 septembre dernier. Une réforme bienvenue et nécessaire, mais pas suffisante pour sortir l’AVS de l’ornière financière: selon les estimations, le résultat de la répartition sera dans le rouge en 2029 déjà.

La raison en est simple. Les recettes supplémentaires occasionnées par AVS 21, qui découlent principalement de l’égalisation à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes et le relèvement de 0,4 point de la TVA, s’avèrent insuffisantes pour couvrir l’explosion des coûts promise par l’allongement de l’espérance de vie et la vague de départ à la retraite de la génération baby-boom.

Le répit sera donc de courte durée. Mais que faire pour amortir le choc démographique et garantir le financement de l’AVS au-delà de 2030? En théorie, il existe trois leviers pour assainir un système de retraite: baisser les rentes, augmenter les cotisations, relever l’âge de la retraite. En pratique, toutefois, seules deux voies s’offrent à nous: toucher aux rentes serait contraire à la constitution et politiquement inacceptable.

Le déficit cumulé de l’AVS devrait atteindre près de 100 milliards de francs d’ici à 2050

C’est dans ce cadre que s’inscrit la motion «Mandat concernant la prochaine réforme de l’AVS», qui, adoptée par les deux Chambres, charge le Conseil fédéral de présenter un projet de stabilisation de l’AVS pour la période 2030 à 2040, d’ici au 31 décembre 2026. L’exécutif serait bien inspiré de présenter un projet susceptible à la fois de passer le cap parlementaire et la votation populaire.

A ce jour, on ne connaît pas les propositions gouvernementales. Mais une chose est sûre: le Conseil fédéral rejette catégoriquement l’initiative des syndicats «Mieux vivre à la retraite», qui réclame le versement d’une 13e rente AVS. Non sans raison: il n’existe pas de marge de manœuvre pour financer pareille générosité qui entraînerait des dépenses supplémentaires d’environ 5 milliards de francs en 2032.

L’exécutif fédéral recommande également le rejet de l’initiative populaire «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne» des jeunes PLR. Ce texte prévoit, dans un premier temps, d’augmenter l’âge de la retraite à 66 ans des deux sexes, puis de l’indexer sur l’espérance de vie.

Une décision qui interroge. Selon les dernières estimations, le déficit cumulé de l’AVS devrait atteindre près de 100 milliards de francs d’ici à 2050. Or, comme le montre une récente étude menée par UBS, cette initiative permettrait à elle seule de stabiliser le premier pilier pendant des décennies. En clair, l’avenir de l’AVS passe par le recul de l’âge de départ à la retraite.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».