Les experts sont opposés à une hausse des rentes et les syndicats s’entêtent

30 juin 2016 Nouvelles

La commission compétente a recommandé au Conseil fédéral de maintenir les rentes de l’AVS et de l’AI à leur niveau actuel en 2017. La situation économique difficile que nous traversons, avec l’évolution négative du renchérissement et la faible augmentation des salaires, ne permet en effet pas de relever les rentes. Il est d’autant plus curieux que l’initiative AVSplus sur laquelle nous voterons cet automne réclame, elle, une hausse des rentes AVS.

La Commission fédérale AVS/AI a recommandé au Conseil fédéral de ne pas augmenter les rentes de l’AVS et de l’AI en 2017, autrement dit de les maintenir à leur niveau actuel. Son avis repose sur l’évolution de l’indice des salaires et de l’indice des prix à la consommation. La situation économique incertaine ne permet actuellement pas, selon elle, de relever les rentes de l’AVS et de l’AI. La Commission l’a clairement fait savoir au Conseil fédéral qui va devoir prochainement décider d’une éventuelle adaptation des rentes pour 2017.

L’Union syndicale suisse, qui a lancé le même jour sa campagne en faveur de l’initiative AVSplus, évolue apparemment dans une tout autre réalité. L’initiative, sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 25 septembre prochain, réclame une hausse de 10% de toutes les rentes AVS. Compte tenu de la faible évolution des salaires et des prix, une telle exigence suscite l’étonnement. Bien que cette situation persiste depuis quelques années, les rentes AVS ont été relevées voici deux ans. Un nouvel aménagement de l’AVS alourdissant encore la charge de l’économie, de la Confédération et des travailleurs cotisants aggraverait une situation déjà tendue.

L’équilibre financier de l’AVS est déjà rompu, puisque les cotisations AVS annuelles ne suffisent plus au financement des rentes. L’évolution démographique se répercute également sur l’AVS: sans réforme, celle-ci affichera déjà un déficit structurel de plus de 7,5 milliards de francs par an à l’horizon 2030. En cas d’acceptation, l’initiative AVSplus porterait ce déficit à 13 milliards de francs (!) par année.

En Suisse, les retraités qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts avec leur rente AVS reçoivent une aide ciblée de l’Etat sous la forme de prestations complémentaires (PC). Et contrairement aux rentes du premier et du deuxième piliers, celles-ci ne sont pas imposables. Avec une augmentation des rentes AVS de 10%, c’est les personnes économiquement les plus faibles – les bénéficiaires de prestations complémentaires – que l’on défavoriserait, puisque les PC seraient réduites proportionnellement à l’augmentation de la rente AVS. Au final, les bénéficiaires de PC auraient même moins d’argent dans le portemonnaie à la fin du mois.