En mars 2024, la Suisse a décidé d’introduire une 13e rente AVS. Le Conseil des États s’est récemment mis d’accord sur un versement annuel à partir de 2026 – mais il règne toujours une grande incertitude quant au financement. Cette semaine, la commission sociale du Conseil des États en a discuté, sans toutefois prendre de décision.
Ce que nous savons, c’est que sans financement supplémentaire, l’AVS sera déficitaire à partir de 2026 et que sa situation financière ne cesse de se dégrader – en raison de la vague de départs à la retraite de la génération du baby-boom et d’une démographie qui s’accentue. Parallèlement, et malgré une situation financière difficile, les souhaits d’extension coûteuse des assurances sociales ne cessent d’affluer.
Prochaine initiative de plusieurs milliards sans proposition de financement dans le pipeline
Les coûts de la 13e rente AVS s’élèveront à 4,2 milliards de francs en 2026 et ne cesseront ensuite d’augmenter. Et déjà, avec l’initiative du Centre pour la suppression du plafonnement de la rente des personnes mariées, la prochaine initiative coûteuse en milliards est à l’agenda politique. Elle ne propose pas non plus de financement : ce problème devrait être résolu par le Parlement.
Distribuer toujours plus d’argent sans financement ne fonctionne pas : quelqu’un doit payer.
Selon la NZZ, un rapport interne de l’Office fédéral des assurances sociales, commandé par la Commission sociale du Conseil des États, montre que même des augmentations massives des prélèvements ne peuvent pas combler les trous financiers. Une projection qui prend en compte aussi bien une forte augmentation de la TVA (+1 point de pourcentage) que des déductions salariales plus élevées (+0,8 point de pourcentage) apporterait à l’AVS 8,2 milliards de francs supplémentaires par an à partir de 2035 – mais même cela ne suffirait pas à stabiliser l’AVS à long terme. La démographie ne cesse de s’accentuer jusqu’à cette date et les coûts de l’AVS augmentent avec elle.
Des réformes structurelles sont absolument nécessaires pour stabiliser l’AVS
Il faut donc regarder la réalité en face : Sans réformes fondamentales, l’AVS continuera à se dégrader. Si les réformes structurelles – en particulier le relèvement de l’âge de référence – sont encore repoussées, cela signifie une augmentation constante de la charge fiscale et des taxes. Et par conséquent, une baisse du pouvoir d’achat ainsi que des incitations erronées qui rendent le travail peu attractif.
Un relèvement de l’âge de référence serait, premièrement, durable et, deuxièmement, apporterait des ressources dans la mesure où elles sont nécessaires. Alors que de nombreux pays européens ont franchi ce pas depuis longtemps, la Suisse continue de le repousser. Mais l’alternative – une hausse de la TVA et des charges salariales – est particulièrement injuste pour les jeunes générations. Il n’est pas acceptable que de nouvelles charges soient sans cesse reportées sur la population active, alors que des mesures structurelles restent taboues.
Il est du devoir des politiques de garantir durablement l’AVS au lieu de distribuer des cadeaux électoraux à court terme. L’Union patronale suisse demande donc une clarification rapide du financement de la 13e rente, et se prononce en faveur d’un relèvement temporaire de la TVA jusqu’à la prochaine grande réforme de l’AVS. Celle-ci doit impérativement comprendre une adaptation de l’âge de référence – toute autre solution est irresponsable en termes de politique financière et met en péril la stabilité de notre principale institution sociale.