Une marche des affaires négative, des effectifs à la baisse: l’industrie traverse une période délicate. Les soubresauts géopolitiques et la force persistante du franc impactent un secteur fortement tourné vers l’export. Plus inquiétant encore, les prévisions économiques ne laissent pas entrevoir de reprise ces prochains mois.
Derrière ce constat général, deux secteurs se détachent: l’industrie de l’horlogerie et celle des machines, touchées de plein fouet par l’effondrement de la demande chinoise. Ainsi, face à un horizon 2025 incertain, la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse (CP) appelle ses membres à «redoubler d’efforts pour préserver ses effectifs et maintenir sa capacité de production».
Sera-ce suffisant pour éviter les licenciements? Pas sûr. Face à la baisse des carnets de commandes, le recours au régime des réductions de l’horaire de travail (RHT) devient une nécessité. Ce dispositif, qui a pour but d’empêcher des licenciements consécutifs à des pertes de travail temporaires, a largement fait ses preuves que ce soit lors de la crise financière mondiale de 2009 ou de la pandémie de Covid-19.
Dans le Jura, 91 entreprises bénéficient actuellement d’indemnités RHT. Du jamais vu depuis dix ans si l’on excepte la crise du Covid-19
De nombreuses entreprises industrielles ont franchi le pas. Ainsi, dans le canton du Jura, dont l’industrie est spécialisée dans le secteur de l’horlogerie, 91 entreprises bénéficient actuellement d’indemnités RHT, ce qui représente plus de 3500 personnes en chômage partiel. Du jamais vu depuis dix ans si l’on excepte la crise du Covid-19. Quant à la CP, elle estime que de 15 pour cent à 20 pour cent des entreprises de la branche horlogère ont recours au chômage partiel.
Pour l’heure, le mécanisme des RHT a tenu ses promesses permettant aux entreprises industrielles de garder des travailleurs qualifiés et, par là même, un précieux savoir-faire. Une fois de plus, il s’avère être un instrument efficace pour contrer une hausse du chômage.
Constatant que «la conjoncture reste difficile dans diverses branches», le Conseil fédéral a décidé, le 19 juin dernier, de faire passer de 12 à 18 mois la durée maximale d’indemnisation. Limitée dans le temps, cette mesure prendra fin au 31 juillet 2025.
Or, face à l’absence de perspectives de reprise, les milieux concernés en appellent aux autorités fédérales pour prolonger la durée maximale d’indemnisation de 18 mois, au moins jusqu’au 31 décembre 2025. Compte tenu de la situation financière favorable de l’assurance-chômage, cette démarche mérite d’être soutenue.
Les expériences passées ont montré l’utilité d’une telle prolongation. Ainsi, en 2016, suite à l’abandon du taux plancher du franc par rapport à l’euro, l’extension du chômage partiel à 18 mois a non seulement permis de sauver des emplois, mais également de rétablir un climat de confiance permettant aux entreprises concernées, pour la plupart des PME, de mieux planifier leurs activités et de relancer leurs investissements.
Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».