AVS 2030: le Conseil fédéral fait fausse route

Le financement du premier pilier de la prévoyance doit être revu, mais pas au détriment des employeurs.

Tel un serpent de mer, le financement de l’AVS revient sur l’agenda politique fédéral. Le 15 mai dernier, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a fixé les grandes orientations du projet AVS 2030 qui vise à stabiliser notre première assurance sociale pour la période 2030 à 2040.

Une réforme urgente et nécessaire. Financé selon le système de la répartition, notre premier pilier est mis à rude épreuve par le vieillissement démographique. Les ressources financières apportées par la Réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA) et par AVS 21 s’avèrent insuffisantes. L’adoption de la 13e rente, dont le coût annuel se monte à 4,2 milliards de francs, ne fait qu’empirer la situation.

Explosion du nombre de retraités

L’heure est grave. Dès 2026, l’AVS renouera avec les chiffres rouges. Comme le relève le Conseil fédéral lui-même: «Si aucune mesure n’est prise, notre premier pilier devrait afficher un déficit de répartition d’environ 2,5 milliards de francs en 2030 et de 5,7 milliards en 2040.»

Cette spirale de l’endettement trouve son origine dans l’explosion du nombre de retraités, qui devrait passer de 2,5 millions aujourd’hui à 3 millions en 2035. Face à un tel scénario, une réforme structurelle s’impose. Or, le Conseil fédéral renonce d’emblée à augmenter l’âge de référence, lui préférant une hausse des recettes.

Relever l’âge de la retraite

Une décision qui suscite l’incompréhension, d’autant que la Suisse est l’un des pays d’Europe ayant l’âge de référence le plus bas et l’espérance de vie la plus élevée. A terme, le relèvement progressif de l’âge de la retraite apparaît inéluctable pour préserver les rentes. Et pour cause: cette mesure permettrait à elle seule de stabiliser le premier pilier pendant des décennies, sans hausse d’impôt ni augmentation des cotisations sociales.

De nombreux pays européens ont déjà franchi le pas avec succès. Les Pays-Bas et le Danemark, où l’âge de départ à la retraite a été augmenté à 67 ans et qui disposent des systèmes de sécurité sociale les plus durables, en sont un exemple. Le parlement danois vient d’ailleurs de relever lâge de la retraite à 70 ans à partir de 2040.

Les entreprises une nouvelle fois sollicitées

Certes, le Conseil fédéral entend favoriser l’exercice d’une activité lucrative au-delà de 65 ans par la suppression de l’âge maximal de 70 ans et l’augmentation de la franchise AVS. Mais ces mesures sont insuffisantes pour stabiliser de manière durable l’AVS.

Pour assurer la pérennité de l’AVS, le Conseil fédéral plaide pour une hausse des recettes fondée sur les sources de financement actuelles, c’est-à-dire par une augmentation de la TVA et des cotisations salariales. Une fois de plus, l’exécutif fédéral veut faire peser l’essentiel du fardeau du déficit de l’AVS sur les épaules des entreprises. Une proposition injuste et inefficace.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «l’Agéfi».