Dans notre pays, comme de coutume, les négociations salariales pour l’année prochaine vont débuter en automne. Actuellement, la plupart des entreprises ont seulement pour six mois de commandes en carnet. Il ne leur est donc pas possible de faire des projections fiables pour les rentrées de l’année entière et tout aussi difficile de connaître dès maintenant la marge de manœuvre dont elles disposent pour des hausses de salaire.
Or, en matière d’augmentations de salaires, de fortes exigences sont à nouveau dans l’air, motivées notamment par un «besoin de rattrapage». Celui-ci, pourtant, n’est nullement justifié par les chiffres. Selon la dernière enquête de l’UBS en effet, les salaires réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, ont progressé de 1,2 pour cent par année entre 2008 et 2016, soit bien plus qu’au cours des années précédentes. Le pouvoir d’achat des travailleurs s’est donc continuellement amélioré en huit ans. Et d’après le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zurich, les salaires réels ont même progressé davantage que la productivité des entreprises ces dernières années.
Nonobstant l’embellie conjoncturelle, beaucoup d’entreprises encore traumatisées par le choc du franc fort doivent commencer par réaliser d’urgence les indispensables investissements qu’elles ont retardés jusqu’ici. Ce facteur jouera aussi un rôle en automne dans les négociations salariales qui auront lieu à l’échelle des branches et des entreprises. Il faudra donc, comme toujours, tenir compte des conditions spécifiques aux uns et aux autres. Les salariés pourront bénéficier d’augmentations là où la situation économique le permet, mais lorsque celle-ci ne laisse aucune marge de manœuvre financière, la priorité devra consister à assurer l’avenir de l’entreprise, ne serait-ce que dans l’intérêt des travailleurs.