«L’innovation, la créativité et le réseautage sont la clé du succès»

11 juillet 2018 5 questions à...

En moyenne, les travailleurs âgés ont besoin de plus de temps que les jeunes pour trouver un emploi. Un accompagnement temporaire, comme celui qu’offre le programme «Tandem 50plus», peut apporter un précieux soutien aux seniors en quête d’emploi. Rolf Lutz, qui a de nombreuses années d’expérience dans le secteur bancaire et le conseil d’entreprise, met beaucoup d’ardeur dans son rôle de mentor. La présente interview nous dit comment il aide ses partenaires en tandem à réussir et ce qu’il attend des employeurs.

Entre une personne de plus de 50 ans et vous-même comme mentor, comment fonctionne exactement un tandem?
Cela commence par un entretien, qui permet de voir si l’alchimie est bonne entre la personne à la recherche d’un poste et le mentor. Vient ensuite le travail de préparation. Nous travaillons ensemble sur les CV et les lettres de motivation, discutons des attitudes permettant de faire face aux situations difficiles et aux réponses négatives, développons une stratégie et posons des jalons. Puis des ateliers hebdomadaires à bihebdomadaires d’environ deux heures sont organisés sur des sujets tels que l’entretien d’embauche: Comment puis-je impressionner favorablement l’employeur potentiel? Comment le convaincre? Que pourrais-je faire différemment la prochaine fois? Avec un ami entrepreneur, j’organise à chaque fois une procédure de candidature fictive incluant un entretien. La personne en quête d’emploi reçoit ainsi un feedback direct ‹à 360 degrés› du domaine pratique. Le travail en tandem se termine par une discussion rétrospective et prospective. Après tout, l’objectif est que le mentoré, s’il n’a pas déjà trouvé un emploi, soit capable de continuer le processus de manière autonome après quatre mois de travail intensif.

Selon vous, quels sont les facteurs de réussite d’une candidature et comment pouvez-vous, en tant que mentor, y contribuer?
Les clés du succès sont l’innovation et la créativité, ainsi que le réseau. J’entends par là le recours à des moyens qui s’écartent des démarches classiques, par exemple des candidatures spontanées et l’utilisation ciblée de son propre réseau. Nous abordons également cette question en demandant au mentoré de dresser une liste de ses contacts professionnels, d’assister régulièrement à des événements sectoriels spécifiques et de pratiquer une approche bien conçue d’éventuels ouvre-portes. La motivation joue un rôle primordial et il faut l’entretenir, car elle baisse, et c’est compréhensible, après plusieurs réponses négatives. Face à cela, l’attitude ‹Je ne suis pas au chômage; mon travail actuel est de trouver un emploi› se révèle alors utile, tout simplement parce que c’est vrai. Un autre point crucial consiste à intégrer les différentes activités susceptibles de mener au succès dans un canevas quotidien structuré et de procéder de manière systématique.

Qu’est-ce qui vous a incité à devenir mentor?
Je voulais apporter quelque chose à la société en faisant du bénévolat, où que ce soit, pour d’autres personnes. Quand j’ai découvert le programme Tandem dans un journal, je me suis senti immédiatement interpellé. Il m’offrait la possibilité d’aider très directement des gens dans une situation difficile et de faire beaucoup pour eux en peu de temps. S’y ajoute le plaisir de l’estime de soi. Tout cela est enrichissant. Je trouve également idéal qu’à mon âge et avec mon expérience, j’aie la possibilité de me mettre dans la position de personnes en quête d’emploi.

Quel bénéfice personnel retirez-vous du soutien apporté aux postulants âgés?
Les tandems me posent toujours un défi, au sens positif, par les situations et les problèmes que je rencontre, mais aussi dans ma tâche qui consiste à entretenir la motivation du candidat. J’essaie de relativiser l’impact des réponses négatives en lui disant, par exemple, que si 100 personnes ont postulé pour l’emploi recherché, 98 autres se trouvent aujourd’hui dans la même situation que lui. Les expériences de ce type me font progresser moi-même.

Sur quels points pensez-vous que les employeurs, comme les actifs seniors, devraient en faire plus pour améliorer l’intégration dans le marché du travail?
Je conseille aux seniors à la recherche d’un emploi d’être innovants et créatifs. Cela comprend l’étude de solutions de rechange pour le cas où leurs démarches restent longtemps sans résultat. Il peut s’agir d’élargir le rayon de recherche, de postuler pour des emplois dans d’autres branches et des tâches différentes ou une charge de travail différente, ou même d’envisager une activité indépendante. Je pense aussi qu’il est important de changer de perspective et de se mettre à la place de l’employeur qui met un poste au concours. Dans le discours destiné à celui-ci, je signale que les employés âgés sont extrêmement motivés, flexibles et loyaux, qu’ils possèdent une vaste et riche expérience, un large réseau et une grande connaissance de la nature humaine. Un employeur qui adopte une approche stratégique pour attribuer un poste voit l’employé dans tout ce qu’il peut apporter de valeur à l’entreprise.