Le monde du travail change et la formation doit s’adapter

9 mars 2017 Revue de presse

La numérisation croissante de l’économie amène une nouvelle réalité et fait de la formation continue une priorité. La nouvelle loi sur la formation continue, entrée en vigueur au début de cette année, appelle les entreprises à favoriser la formation continue de leurs collaborateurs. En réalité, les employeurs n’ont pas attendu qu’une loi fédérale se mette en place pour agir.

Formation et emploi font bon ménage. Les chiffres le confirment: ces 25 dernières années, la plupart des 800’000 nouveaux emplois créés en Suisse ont profité aux activités exigeantes en termes de formation. Or, une menace plane sur ce ménage heureux: la numérisation croissante de l’économie.

La formation initiale – professionnelle et académique – ne semble plus être adaptée pour répondre aux besoins changeants du monde du travail, qui requiert des compétences sans cesse renouvelées. Dans ce contexte mouvant, la formation continue devient une priorité. Un défi majeur pour le système éducatif suisse.

Pour s’adapter à la nouvelle donne, le Parlement a pris les devants: passée quasiment inaperçue, la nouvelle loi sur la formation continue est entrée en vigueur le 1er janvier de cette année. Saluée par les experts, cette loi cadre doit contribuer à une plus grande cohérence de l’action étatique tout en améliorant l’offre, la transparence et la qualité sur le marché de la formation continue.

Autre élément positif: le texte de loi ne contient pas d’exigences à l’égard des entreprises, qui sont simplement appelées à favoriser la formation continue de leurs collaborateurs. En réalité, bien conscients que leur réussite dépend en premier lieu du niveau de compétences de leurs collaborateurs, les employeurs n’ont pas attendu qu’une loi fédérale se mette en place pour agir.

A en croire certaines estimations, le marché de la formation continue représente un volume de 5,3 milliards de francs. Une part considérable de ce montant est financée par les employeurs, que ce soit sous forme de soutien financier aux coûts directs ou sous forme de temps de travail mis à disposition. Une enquête menée par Manpower montre ainsi que deux tiers des entreprises en Suisse offrent à l’heure actuelle des formations à leurs employés.

Une nouvelle base légale, des entreprises qui encouragent la formation en emploi: l’apprentissage tout au long de la vie est déjà une réalité en Suisse. Mais est-ce suffisant? A l’avenir, les politiques publiques devront être encore plus ambitieuses en matière d’accès accru à la formation. L’accent devra être mis sur l’apprentissage en ligne. Alors que la part du e-learning était de 2 pour cent en 2002 à l’échelle mondiale, elle devrait atteindre les 30 pour cent en 2022.

Pour maîtriser les défis de demain, le système éducatif devra coller au plus près aux évolutions du marché du travail. Pour l’heure, deux scenarios se dessinent. D’une part, la disparition des emplois hautement répétitifs, tous secteurs confondus. De l’autre, l’apparition de nouveaux métiers qui exigent le renforcement des compétences techniques, liées aux domaines MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et technique).

Mais paradoxalement, l’essor de l’économie numérique requiert également des aptitudes non numérisables. Le développement de certains secteurs, comme la santé et les services à la personne, apparaissent comme de futurs moteurs d’emploi. Dit autrement, les métiers du futur exigeront non seulement des aptitudes techniques mais aussi des compétences sociales et émotionnelles telles la persuasion, la créativité, l’empathie et le leadership.

L’article de Marco Taddei a été publié dans «l’Agefi».