Prévoyance vieillesse: les propositions patronales

20 février 2018 Revue de presse

L’échec de la réforme Prévoyance vieillesse 2020 le 24 septembre dernier est encore dans toutes les mémoires. Un échec prévisible et logique. Prévisible car le projet, qui entendait réformer globalement les 1er et 2e piliers, a été victime d’un cumul d’oppositions dans les urnes. Logique puisque, après le clair rejet de l’initiative AVSplus une année plus tôt, le souverain a réaffirmé son opposition à toute extension de l’AVS.

Le message est clair: l’AVS et la prévoyance professionnelle doivent être traitées séparément afin de préserver les rentes à leur niveau actuel et de stabiliser financièrement la prévoyance vieillesse, sans extension irresponsable. Un constat confirmé par le baromètre des préoccupations 2017 établi par Credit Suisse qui montre que la garantie des rentes constitue le souci numéro un des Suisses.

Cet appel a été entendu par l’Union patronale suisse (UPS), qui vient de présenter ses propositions en vue de pérenniser notre système de prévoyance. Une réforme en deux étapes est préconisée: dans l’immédiat, la priorité va à la révision, séparée, de l’AVS et de la prévoyance professionnelle; dans un deuxième temps, il s’agira d’adapter progressivement l’âge de la retraite à l’augmentation de l’espérance de vie.

Dans les chiffres rouges depuis 2014, les finances de l’AVS vont à vau l’eau. Du coup, l’assainissement de notre principale assurance sociale est devenu une impérieuse nécessité. Pour y parvenir, l’UPS prône le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans couplé à une hausse modérée de la TVA. Comme il ressort des analyses qui ont suivi la votation du 24 septembre 2017, ces deux mesures présentent l’indéniable avantage d’être susceptibles de passer le cap d’une votation populaire.

Si, toutefois, un correctif social devait s’avérer nécessaire pour compenser les effets de l’égalisation de l’âge de la retraite, l’UPS pourrait adhérer à la solution proposée en son temps par la conseillère aux États Karin Keller-Sutter. Celle-ci prévoit une enveloppe de 300 millions de francs destinée à faciliter l’accès à la retraite AVS anticipée aux personnes qui ont commencé à travailler tôt et ayant un bas salaire. Une telle mesure profiterait surtout aux femmes.

Au chapitre du 2e pilier, le Conseil fédéral a décidé de confier aux partenaires sociaux le soin de proposer une solution comportant une diminution du taux de conversion minimal. Sage décision: la prévoyance professionnelle est un champ traditionnel de négociation collective et cette approche a déjà été couronnée de succès lors de la dernière révision de la loi sur l’assurance-accidents.

Les employeurs sont prêts à relever ce défi et à entrer en matière sur une compensation adéquate de l’abaissement du taux de conversion minimal. La possibilité pour les personnes de 58 ans et plus qui perdent leur emploi de rester assujetties auprès de leur institution de prévoyance doit aussi être mise à l’agenda des discussions.

Le premier train de mesures dans le 1er et 2e pilier permettra d’assurer la viabilité financière de la prévoyance vieillesse uniquement jusqu’au au milieu des années 2020. Au-delà de cette date, on ne pourra pas faire l’économie d’un relèvement progressif de l’âge de la retraite. Une mesure nécessaire en raison de l’augmentation constante de l’espérance de vie et qui gagne progressivement les faveurs des Suisses. Le sujet n’est plus tabou: comme le montre le récent sondage de Vimentis mené dans l’ensemble du pays, 56% des personnes sondées se déclarent pour l’élévation de l’âge de la retraite.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».