Le financement de l’AVS mérite une discussion honnête

Pour faire avancer sa propre initiative visant à supprimer le plafond des rentes AVS pour les couples mariés, le Centre semble être d'accord avec beaucoup de choses. Au lieu de défendre des possibilités de financement à long terme et équitables pour l'AVS, Matthias Bregy, chef du groupe parlementaire du Centre, présente le projet comme une mesure visant à supprimer une prétendue «injustice». Mais en réalité, les personnes mariées sont aujourd'hui mieux loties dans de nombreux domaines, ce qui compense le plafond des retraites. Il est également dérangeant de constater que la suppression du plafond, qui génère des coûts, ainsi que d'autres demandes d'expansion massive, doivent également être financées par des pourcentages de salaire sur le dos de la population active et des entreprises.

La prévoyance vieillesse est actuellement l’un des plus grands chantiers de la politique suisse. Le Centre l’a compris depuis longtemps. Dans l’actuel interview du Blick, le président du groupe parlementaire Philipp Matthias Bregy s’exprime entre autres sur ce sujet. La manière dont il le fait – sur le fond – en ce qui concerne l’AVS est déconcertante. Ses déclarations sur le financement de l’AVS et l’initiative du Centre visant à supprimer le plafond des rentes pour les couples mariés ne sont que des solutions de façade. Si elles étaient mises en œuvre, elles ne feraient qu’aggraver le problème de financement de l’AVS déjà existant, au lieu de le résoudre. Les perdants seraient surtout les jeunes, les générations futures, la classe moyenne et les entreprises.

Le financement le plus équitable de la 13e rente AVS passe par la TVA

Matthias Bregy défend un «accord de centre-gauche» dangereux au Conseil des États pour le financement de la 13e rente AVS, qui repose sur des pourcentages salariaux supplémentaires et une augmentation de la TVA. Le président du groupe parlementaire du Centre parle d’un «mélange» qui répartit équitablement la charge. Mais la réalité est la suivante: avec un cofinancement par les pourcentages salariaux, ce sont les travailleurs et les entreprises qui passeront à la caisse, au lieu de faire participer à ces coûts ceux qui en profitent directement et qui ont voté en faveur de la 13e rente AVS. Il serait beaucoup plus juste de recourir à un financement temporaire par la TVA et de procéder à une évaluation globale lors de la prochaine grande réforme de l’AVS.

Supprimer le plafond des rentes sans abolir les privilèges crée une injustice

En raison de la démographie, l’AVS a un problème de financement même sans la 13e rente AVS. La 13e rente AVS ne fait qu’aggraver la situation. L’initiative du Centre visant à supprimer le plafond des rentes pour les couples mariés serait le coup suivant. Elle coûterait également près de quatre milliards de francs par an, sans que le financement ne soit clarifié. C’est déjà irresponsable.

Mais si l’initiative devait au moins remédier à une injustice, comme le prétendent ses initiateurs, alors le principe de la demande serait tout au plus justifié. Mais le fait est que les couples mariés reçoivent aujourd’hui une pension commune de 150 pour cent (au lieu de deux pensions complètes), mais qu’en même temps, ils bénéficient non seulement de bonus de cotisation, mais aussi de pensions de veuve et de veuf et d’autres avantages, comme le montre clairement la prise de position du Conseil fédéral sur l’initiative. Et ces avantages l’emportent financièrement sur les inconvénients, comme la NZZ l’a récemment montré. La conclusion: «Les avantages liés au mariage sont bien plus répandus que les inconvénients».

Il n’y a donc aucune raison objective de parler de «discrimination». L’initiative visant à supprimer le plafond des rentes pour les couples mariés ne crée pas l’équité, mais de nouveaux privilèges. Si le plafond des rentes était supprimé, l’avantage dont bénéficient actuellement les couples mariés devrait logiquement disparaître. Toute autre solution serait injuste et coûteuse.

La taxe sur les transactions financières est une fausse bonne idée qui comporte des risques et n’apporte rien.

La proposition d’envisager une taxe sur les transactions financières est également irritante. Cette idée déjà ancienne a été rejetée depuis longtemps par les experts. Le rapport du Conseil fédéral sur le postulat 21.3440 indique qu’une telle taxe nuirait à la bourse suisse, n’apporterait guère de recettes supplémentaires et ne serait pas une source de financement viable pour l’AVS.

Le Centre ne devrait pas se perdre dans une alliance

Au lieu de chercher à gagner des voix en brandissant le mot d’ordre de la « justice », il serait souhaitable, du point de vue des employeurs, que le Centre participe de manière sérieuse et crédible aux discussions sur le financement à long terme de l’AVS. Car la plus grande injustice serait de laisser les générations futures seules face à un système instable.