Une extension de l’AVS contraire à toute logique

6 juillet 2017 Nouvelles

Arguant de la faible progression des salaires et des prix, le Conseil fédéral s'est prononcé tout dernièrement contre une augmentation des rentes AVS et AI à partir de 2018. Mais cela ne l'empêche pas de préconiser parallèlement une extension de l'AVS dans le cadre de la réforme Prévoyance vieillesse 2020 sur laquelle le peuple votera le 24 septembre 2017. C'est de mauvaise augure pour la pérennité des retraites.

Au moins tous les deux ans, le Conseil fédéral se prononce sur l’opportunité d’une adaptation des rentes AVS/AI. «Tant l’évolution de l’indice des salaires que celle de l’indice des prix sont actuellement trop faibles pour justifier un relèvement des rentes», constate-t-il dans son communiqué. Il y a un an, le Gouvernement avait déjà décidé de ne pas augmenter les rentes pour les mêmes raisons.

Dans un virage sur l’aile diamétralement opposé à l’évolution économique et démographique, le Conseil fédéral apporte néanmoins son soutien à l’augmentation, de 70 francs par mois des rentes que prévoit la réforme Prévoyance vieillesse 2020 pour tous les nouveaux retraités AVS. A l’origine, pourtant, il ne visait nullement une extension de l’AVS, mais plutôt une réforme susceptible de préserver dans la durée le niveau actuel de la prévoyance vieillesse et d’assurer l’équilibre financier de l’AVS et du deuxième pilier. Des buts à la fois ambitieux et légitimes, puisqu’en raison de l’évolution démographique, les cotisations encaissées chaque année par l’AVS ne suffisent plus à financer le nombre des rentiers en rapide progression.

Tournant le dos à ses propres objectifs de départ, le Conseil fédéral soutient à présent un projet d’extension qui ne fait qu’aggraver les problèmes structurels de l’AVS. L’extension renforcera la pression en faveur de mesures supplémentaires. Il faudra bientôt envisager d’augmenter encore plus les impôts et les prélèvements salariaux et de relever sensiblement l’âge de la retraite. Ces mesures toucheront sans ménagement la quasi totalité des groupes sociaux, mais plus particulièrement les jeunes et les familles, les parents isolés avec enfants à charge et les rentiers aux revenus très modestes. L’extension de l’AVS aurait précisément pour effet de laisser en peu d’années les personnes les plus directement menacées par la pauvreté se retrouver avec encore moins d’argent dans leur porte-monnaie.