Non à une réforme injuste de l’AVS

9 juin 2017 Positions

Les employeurs présentent leur «position» sur la réforme de la prévoyance vieillesse 2020. Ils y décrivent l’arrière-plan et les paramètres fondamentaux de la réforme et procèdent à une appréciation générale. Bilan: ce semblant de réforme qui ne laisse aucune place à la solidarité non seulement renvoie les problèmes structurels de l’AVS aux calendes grecques, mais il les amplifie encore. Ainsi, la pression à un relèvement plus rapide de l’âge de la retraite et à un financement supplémentaire plus important s’accroît.

Le 24 septembre 2017, les citoyens suisses se prononceront sur la réforme de la prévoyance vieillesse 2020. Comme c’était déjà le cas de l’initiative «AVSplus» nettement rejetée il y a une année, le projet de réforme prévoit également une extension de l’AVS selon le système de l’arrosoir: tous les nouveaux rentiers percevraient 70 francs par mois tirés de la Caisse de l’AVS, qu’ils en aient besoin ou pas. Une telle extension des prestations dans l’AVS manquerait particulièrement de solidarité. En effet, ceux qui financeraient le système seraient nombreux, mais rares seraient ceux

Il est particulièrement choquant que tous les nouveaux rentiers qui bénéficieraient des 70 francs d’augmentation soient ceux qui n’en ont pas particulièrement besoin et qui ne seraient pas touchés par l’abaissement du taux de conversion minimal. Ce sont précisément les nouveaux rentiers qui disposeraient des ressources financières les plus faibles qui auraient encore le moins d’argent dans leur portemonnaie à la fin du mois, pénalisés qu’ils seraient au chapitre des prestations complémentaires. Les rentiers actuels ne verraient pas la couleur de l’extension des rentes, mais ils devraient contribuer à financer la réforme sous la forme de l’augmentation de la TVA. Avec un tel système non solidaire, l’AVS perdrait son caractère social et évoluerait vers un mécanisme de fonctionnement à deux vitesses.

Les personnes les plus touchées par la réforme seraient les jeunes qui devraient en plus de prélèvements salariaux augmentés s’acquitter de la hausse de la TVA et répondre in fine du chèque non couvert de l’extension de l’AVS. Le défaut de financement pour les pauvres comme pour les riches agirait à la manière d’un accélérateur de feu qui accentuerait encore les problèmes structurels. En 2030 déjà, les coûts de l’extension (1,4 milliard de francs) dépasseraient même les économies réalisées grâce au relèvement de l’âge de la retraite des femmes (1,2 milliard de francs). Ainsi, le sacrifice consenti par les femmes pour assurer la pérennité de l’AVS serait immédiatement anéanti par l’extension de l‘AVS.

Ainsi, en dépit de financements supplémentaires massifs qui se chiffreraient en milliards, le «répit» vécu hors des chiffres rouges ne serait que de quelques années. Le trou de l’AVS réapparaîtrait déjà en 2027 au niveau d’un milliard de francs. Il s’amplifierait à 3 milliards en 2030, voire à 7 milliards par an en 2035. Des mesures s’imposeraient déjà dès 2025 si l’on entend combler les déficits attendus dès 2027. D’ici à 2035, il faudrait soit porter l’âge de la retraite à plus de 67 ans, augmenter les cotisations salariales de près de 1,5 point ou majorer la TVA de près de 2 points. L’extension renforcerait ainsi la pression à adopter rapidement des mesures d’assainissement draconiennes.

Telles sont les raisons pour lesquelles l’Union patronale suisse se prononce dans sa «position» contre le semblant de réforme qu’est la prévoyance vieillesse 2020. En mettant un non dans l’urne, les citoyens créeront les conditions d’une véritable réforme susceptible de pérenniser la prévoyance vieillesse et les rentes pour tous.

Informations complémentaires dans la présentation de l’Union patronale suisse «Réforme» de la prévoyance vieillesse 2020: véritable réforme ou passage en force d’«AVSplus»?