L’intégration professionnelle des personnes atteintes dans leur santé

11 décembre 2017 Revue de presse

Face au vieillissement démographique, la lutte contre la pénurie de main d’œuvre a été élevée au rang de priorité nationale. Réintégrer les seniors dans le marché du travail, mieux concilier vie familiale et professionnelle, renforcer la promotion de la relève dans les hautes écoles: le Conseil fédéral s’attelle assidûment à cette tâche depuis 2011.

Cette stratégie tous azimuts serait incomplète si elle ne comprenait pas des mesures favorisant l’employabilité des personnes atteintes dans leur santé physique et psychique. Lorsqu’un menuisier se blesse à la main ou qu’un informaticien souffre de burn out, le retour à l’emploi s’avère souvent un long parcours du combattant.

Des absences qui nuisent à la productivité des entreprises et qui alourdissent les coûts des assurances sociales: à l’heure actuelle, un bénéficiaire sur trois de l’indemnité de chômage et des prestations d’invalidité souffre de troubles psychiques.

L’intégration des personnes handicapées
La Confédération est sensible à cette question. La réforme en profondeur de l’Assurance invalidité, qui a transformé l’assurance de rente originelle à une assurance de réinsertion, représente incontestablement la mesure phare de son action. Autre mesure digne d’être mentionnée: la Conférence nationale en faveur de l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail qui se réunira à trois reprises en 2017. Toutefois, la réussite de l’action étatique ne saurait se passer du soutien des employeurs, véritable clé de voute de la réintégration professionnelle.

Les chances de maintenir en emploi un collaborateur qui perd pied sont d’autant plus grandes que l’atteinte à la santé est identifiée rapidement au poste de travail et que des mesures appropriées sont prises au bon moment.

Problème: si la volonté d’agir existe, le manque d’information refroidit les velléités des employeurs. Que faire quand la performance d’un collaborateur baisse soudainement? Comment et quand mener avec lui un entretien? Comment procéder lorsqu’une personne atteinte dans sa santé vous propose ses services?

Toutes ces questions trouvent des éléments de réponse sur le portail d’information www.compasso.ch. Sous l’égide de l’Union patronale suisse, cette plateforme nationale soutient, à l’aide d’informations, de conseils et de contacts les efforts des employeurs pour le maintien et le retour de leurs collaborateurs accidentés ou malades sur le marché du travail.

Elle regroupe quelque 70 membres, parmi lesquels de nombreuses entreprises, la Conférence des offices AI, la Suva, «Intégration Handicap» et le syndicat Travailsuisse.

La collaboration entre les employeurs et ses partenaires porte ses fruits: depuis 2012, quelque 94.000 personnes ont pu conserver leur travail ou trouver un nouvel emploi.

Le succès de Compasso le montre: une coopération sur une base volontaire est préférable à une solution sous contrainte étatique.

Prochain défi pour Compasso: la mise en œuvre du «Profil d’intégration axé sur les ressources». Ce nouvel outil d’intégration disponible en ligne permet de définir de manière ciblée l’employabilité de personnes atteintes dans leur santé. Il vise à améliorer l’échange entre médecins, employeurs et collaborateurs concernés et faciliter ainsi le retour en emploi après un accident ou une longue maladie.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».