Les partenaires sociaux au chevet des apprentis

Le coronavirus n’épargne personne. Employés, employeurs, indépendants, tous les acteurs du monde du travail sont touchés. Mais ce sont les apprentis qui risquent de payer le plus lourd tribut à la crise. La formation duale, qui allie savoir théorique et expérience pratique, subit de plein fouet le ralentissement brutal de l’économie et la fermeture des écoles professionnelles.

Dans ce contexte déjà difficile, les apprentis doivent faire face à l’incertitude sur la tenue de leurs examens de fin d’apprentissage. Près de 70’000 d’entre eux devraient suivre une procédure de qualification dans les semaines à venir. La réussite de ces examens revêt une importance primordiale puisqu’elle atteste de leur aptitude à exercer un métier. Pour le dire autrement, le certificat de capacité ou l’attestation de formation professionnelle valide leur employabilité.

Il faut donc éviter que le cursus de formation professionnelle ne se trouve déprécié du fait de la simplification ou de la suppression pure et simple des procédures de qualification. Les apprentis qui, selon la profession choisie, ont suivi deux à quatre ans de formation, ne méritent pas cela. Or l’ordonnance 2 COVID-19 du Conseil fédéral suscite une certaine inquiétude quant à la préparation et l’exécution des examens de fin d’apprentissage.

C’est pourquoi, les partenaires sociaux – Union patronale suisse, usam, Union syndicale suisse, Travail.Suisse – ont convenu d’une approche commune qui, fondée sur le principe de l’égalité des chances, permet à tous les apprentis de compléter leur procédure de qualification d’ici l’été 2020. Dans la mesure du possible et dans le respect des consignes édictées par les autorités sanitaires, le travail pratique de la procédure de qualification doit être effectué.

L’accord des partenaires sociaux préconise qu’aucun certificat ou attestation de moindre qualité ne peut être délivré, puisque cela compromettrait l’acceptation des candidats sur le marché du travail. Toutefois, afin de tenir compte des exigences liées aux coronavirus, une procédure de qualification différenciée en fonction de la formation professionnelle de base doit rester possible.

Les parties signataires ont également convenu que les examens scolaires devraient être annulés et que les notes finales seront basées sur les notes d’expérience. C’est regrettable, mais nécessaire pour pouvoir réaliser une mise en œuvre différenciée des examens pratiques.

Notre système dual de formation professionnelle est un facteur de succès qui est envié à travers la planète. Et pour cause: notre pays peut se prévaloir d’un taux de chômage des jeunes parmi les plus favorables au monde (2,3% en février 2020). Le coronavirus ne doit pas remettre en cause ce modèle de réussite: tout doit donc être mis en œuvre pour assurer le déroulement régulier des examens de fin d’apprentissage. Le Conseiller fédéral Guy Parmelin partage cet avis. Lors du Sommet national sur la formation professionnelle, qui s’est tenu le 9 avril dernier, il a accueilli favorablement les revendications des partenaires sociaux.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».