Pas d’accélérateur de flamme pour l’AVS

21 mai 2021 Nouvelles

Sa situation financière désolante impose d’urgence une réforme de l'AVS. L'initiative «pour une 13ème rente AVS» aggraverait encore le déficit de l'AVS. L'Union patronale suisse reste fermement opposée à toute nouvelle extension non financée des prestations de l'AVS.

Selon les données publiées par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) en février 2021, les perspectives financières de l’AVS sont tout sauf réjouissantes: la vague imminente de départs à la retraite des «baby-boomers» entraînera une augmentation massive du nombre de retraités, sans compter les perspectives économiques incertaines et la baisse prévue de l’immigration, qui viennent assombrir le tableau. C’est pour relever ces défis de taille que la réforme de l’AVS actuellement en discussion au Parlement est nécessaire.

Chercher à éteindre un feu avec un accélérateur de flamme serait une opération insensée. C’est pourtant l’effet qu’aurait l’initiative pour une 13ème rente AVS lancée par les syndicats. Plutôt que de préserver le niveau actuel des rentes et d’écarter la menace d’un déficit, ce texte réclame une rente supplémentaire. Manifestement conscients que cela creuserait encore le trou profond des caisses de l’AVS, les initiants réclament en même temps une hausse des cotisations salariales des employeurs et des employés. Ce faisant, ils semblent oublier qu’une augmentation des cotisations sociales a un impact tout aussi direct sur le porte-monnaie des salariés que le relèvement de la TVA déjà en discussion dans le cadre du projet de réforme de l’AVS. À la fin du mois, il restera donc moins d’argent aux consommateurs.

De plus, cette extension de l’AVS s’opère selon le principe de l’arrosoir et augmenterait les rentes de tous les retraités – quel que soit le niveau: faible, moyen ou élevé – de leur salaire précédent. Ce supplément AVS profiterait donc à ceux qui en ont besoin tout comme aux salariés de la classe moyenne et aux hauts revenus. Les bénéficiaires de prestations complémentaires (PC), supposés en principe bénéficier de ce 13ème mois, verraient en fait leur situation se dégrader du fait que l’augmentation de la rente AVS réduirait les PC. Enfin le supplément AVS – contrairement aux prestations complémentaires – serait imposable.

Nous partageons la responsabilité de veiller à ce que nos assurances sociales continuent à d’assurer des rentes sûres et une vie digne pendant la vieillesse. Cet objectif exige des réformes équilibrées, mais certainement pas une extension supplémentaire et non financée des prestations. Promettre à la population une 13ème rente AVS alors que le premier pilier présente un déficit financier structurel de plus en plus préoccupant, est aussi peu sérieux que de mettre de l’alcool à brûler sur un feu déjà allumé.