Travailleurs âgés: l’agitation syndicale vraiment inopportune

24 février 2016 Revue de presse

Notre économie subit les contrecoups des turbulences qui traversent l’économie mondiale. La tentation de faire appel à l’aide de l’Etat est grande.

Alstom, Swisscom, Crédit Suisse, il ne se passe pas une semaine, sans que les medias se fassent l’écho de suppressions d’emploi et de délocalisations. L’heure est grave. Et les statistiques le confirment: le taux de chômage atteignait 3,8 pour cent à fin janvier dans notre pays, soit le niveau le plus élevé depuis six ans. Doit-on craindre pour autant, comme le prophétise le conseiller fédéral Johann Schneider Amman, la fin du taux de chômage bas en Suisse?

S’il est encore trop tôt pour le dire, une chose est sûre: les incertitudes liées à l’initiative sur l’immigration de masse et le franc fort plombent lourdement notre économie. Autre constat: notre petite économie ouverte subit les contrecoups des turbulences qui traversent l’économie mondiale.

Face à ces vents contraires, la tentation est grande de faire appel à l’aide de l’Etat pour sauver des emplois. Relayés par leurs camarades socialistes aux Parlement, les syndicats ont saisi la balle au bond et réclament avec insistance une protection accrue des salariés de plus de 50 ans contre le licenciement. Des propositions tous azimuts: délais de licenciements plus longs, droit de faire appel à une organisation de salariés avant qu’un congé ne puisse être prononcé, obligation plus forte de motiver le licenciement.

Une belle fausse bonne idée: de telles mesures auront pour seul effet de dissuader les employeurs d’engager des seniors. Qui plus est, cette politique de Gribouille ne répond à aucun besoin précis. Une étude de l’OCDE montre qu’en Suisse le taux d’activité des personnes âgées de 55 à 64 ans, qui était de 74 pour cent en 2014, est l’un des plus élevés du monde. En janvier 2016, le taux de chômage des personnes de plus de 50 ans atteignait 3,3 pour cent, soit 0,5 pour cent de moins que la moyenne suisse.

Certes, les travailleurs âgés au chômage auront souvent plus de difficulté à retrouver un emploi que leurs collègues plus jeunes. Mais pour améliorer leur sort, les instruments existants suffisent. La première Conférence nationale sur le thème des travailleurs âgés, qui s’est tenue le 27 avril 2015, abonde dans ce sens: pour accroître l’employabilité des seniors, la priorité doit être donnée à l’amélioration des politiques publiques en vigueur, notamment en matière d’assurance-chômage et de formation continue.

Les connaissances et l’expérience des travailleurs âgés est un bien trop précieux pour être galvaudé. Les entreprises l’ont bien compris. Afin de conserver cet «or gris», nombre d’entre elles ont développé de nouveaux modèles de retraite. Gageons que, le vieillissement démographique aidant, ces bonnes pratiques vont s’étendre à l’ensemble du tissu économique.

Renforcer les mesures d’accompagnement, instaurer des quotas féminins, contrôler les salaires, protéger les seniors, la liste des revendications syndicales pour réglementer le marché du travail s’apparente à un inventaire à la Prévert. Inefficaces et superflues, ces mesures remettent en cause le modèle d’inspiration libérale qui est au cœur du miracle économique helvétique de ces dernières années. Cet atout précieux doit être sauvegardé, même dans un contexte économique atone.

L’article de Marco Taddei a été publié dans «l’Agefi».