Salaire minimum: les cantons font fausse route

Le salaire minimum a franchi la Sarine. Dimanche dernier, les citoyens de Bâle-Ville ont approuvé un contre-projet à l’initiative «Pas de salaire inférieur à 23 francs», qui impose un salaire minimum de 21 francs de l’heure. Bâle-Ville devient ainsi le premier canton de Suisse alémanique à instituer une telle réglementation, après Neuchâtel, Jura, Genève et le Tessin.

Une tendance préoccupante à plus d’un titre. Fixer des salaires est l’affaire de chaque entreprise ou des branches lorsqu’elles sont régies par des conventions collectives de travail. Ces solutions individuelles et sectorielles permettent de tenir compte des contraintes et des réalités de chacun.

Un salaire minimum généralisé risque donc de vider de sa substance le partenariat social, pièce maitresse de la prospérité helvétique. A quoi bon négocier la fixation des salaires entre partenaires sociaux si le résultat peut être annulé par des dispositions cantonales?

Que ce soit à Bâle-Ville ou ailleurs: le salaire minimum est un corset réglementaire qui met à mal non seulement la flexibilité mais également l’efficacité et la stabilité du marché du travail, avec des pertes d’emplois à la clé.

Autre effet pervers: le salaire minimum pénalise ceux-là mêmes qu’il est censé aider. Ce sont en effet les jeunes en quête d’un premier emploi, les sans-emplois et les personnes souffrant de certains handicaps qui, plus que d’autres, ont de la peine à être intégrés sur le marché du travail du fait de la hausse des coûts salariaux.

Le diktat salarial bouleverse aussi la structure salariale d’une entreprise. Un socle d’entrée plus élevé pousse à la hausse tous les salaires supérieurs dans une entreprise, dont la compétitivité se trouve ainsi amoindrie.

L’introduction d’un salaire minimal réduit l’attrait de la formation initiale et continue: pourquoi se former en permanence si les travailleurs non qualifiés reçoivent la même rémunération que les travailleurs qualifiés? Aveuglés par le salaire minimum, de nombreux jeunes peuvent être tentés de renoncer à suivre un apprentissage.

Economiquement inefficace, le salaire minimum est également antisocial. Des études montrent qu’une proportion importante de bénéficiaires du salaire minimum, notamment les employés à temps partiel, vivent dans des ménages aisés. La priorité doit être donnée à des mesures de soutien ciblé pour les personnes en difficulté.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».