La numérisation, une menace pour les professions libérales?

12 mai 2019 Revue de presse

Les médecins, les architectes, les avocats, mais aussi les ostéopathes, les gérants de fortune et les logopédistes font partie des 430’000 personnes, soit 13% de la population active, qui exercent une profession libérale dans notre pays. Au total, pas moins de 35 professions forment ce pilier de l’économie suisse, qui génère une part considérable de notre produit intérieur brut.

Depuis quelques années, une lame de fond est en train de transformer en profondeur l’exercice des professions libérales: la numérisation. Mais qu’implique exactement le recours accru à des plateformes digitales pour des cabinets médicaux, des études d’avocats ou des bureaux d’architectes? De quelle manière la numérisation affecte-t-elle le caractère personnel de la prestation fournie? A quel point le secret professionnel est-il mis sous pression par la numérisation des données?

Plateformes numériques

Pour répondre à toutes ces questions, l’Institut de recherche économique Polynomics a mené une enquête auprès des membres de l’Union suisse des professions libérales (USPL). L’étude révèle que 90% des professions libérales font appel, au moins de manière ponctuelle, à des plateformes numériques pour fournir une partie de leurs prestations. 75% des personnes interrogées s’attendent en outre à ce que l’importance du crowdsourcing prenne de l’ampleur.

Le secret professionnel est l’un des fondements identitaires des professions libérales. Il n’est pas étonnant dès lors que les trois quarts des membres de l’USPL interrogés considèrent que cette règle déontologique doit être sauvegardée dans un contexte de numérisation croissante. Or nombre d’entre eux craignent que le développement de plateformes digitales ainsi que l’échange des données numériques compromettent la relation de confiance instaurée entre les représentants des professions libérales et leurs clients ou patients.

Secret professionnel

L’USPL lance un appel pour que, dans le cadre de la révision de la loi sur la protection des données actuellement discutée au Parlement, le secret professionnel ne soit pas vidé de sa substance. Autre revendication: des mesures doivent être prises au sein des associations professionnelles, notamment sous la forme de directives internes, afin de garantir la sécurité des données.

La numérisation chamboule les cursus de formation. Les professions libérales ne font pas exception. Plus de 80% des représentants des professions libérales consultés reconnaissent une modification de la formation initiale en raison de la numérisation. Il apparaît toutefois que les cours de formation initiale et continue ne répondent pas encore suffisamment à ces nouvelles exigences. L’offre de formation doit donc être adaptée en conséquence.

L’étude montre enfin que la pénurie de personnel qualifié touche au premier chef les professions libérales. Quelles solutions face à ce problème lancinant? Outre une amélioration de la qualité de la formation, 90% des personnes interrogées considèrent que l’accord sur la libre circulation des personnes contribue positivement à réduire le manque de main-d’œuvre spécialisée.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».