Davantage de souplesse pour les travailleurs d’Etats tiers

22 janvier 2018 Revue de presse

Faciliter l’entrée d’immigrés très qualifiés originaires de pays hors UE pour répondre aux besoins du marché du travail. L’appel lancé par l’OCDE dans sa dernière étude sur la Suisse peut paraître incongru à l’heure où notre pays s’apprête à mettre en œuvre l’initiative contre l’immigration de masse.

En réalité, l’exhortation des experts de l’OCDE se justifie pour deux raisons au moins. D’abord, parce que le besoin de nombreuses entreprises en spécialistes hautement qualifiés ne peut être couvert ni par du personnel autochtone ni issu de l’UE. Pour le dire autrement, dans les nouvelles technologies de l’information, la finance, les sciences de la vie, mais aussi dans les hautes écoles, la perle rare se trouve en Asie ou dans le continent américain.

Hausse du nombre d’autorisations
Ensuite, parce que l’OCDE ne fait que relayer la voix critique des milieux économiques et de certains gouvernements cantonaux qui réclament un relèvement des contingents des Etat tiers.

Et pour cause: dans la foulée de la votation du 9 février 2014, le Conseil fédéral avait réduit les contingents des ressortissants des Etats tiers de 8.500 à 6.500.

On peut rappeler que l’admission des travailleurs en provenance des Etats tiers est soumise à des règles très strictes. Réservée à la main-d’œuvre hautement qualifiée, elle est restreinte par des nombres maximums d’autorisations de courte durée (permis L) et d’autorisations de séjour (permis B), répartis par la Confédération et les cantons. Ces quotas sont fixés chaque année par le Conseil fédéral.

La décision prise en 2014 par ce dernier de baisser les contingents suscite toujours l’incompréhension. On peine en effet à voir le lien entre les quotas destinés aux ressortissants des Etats tiers et l’initiative sur l’immigration de masse.

En revanche, on saisit aisément les effets délétères d’une telle décision pour les secteurs et les régions en plein essor.

Doit-on rappeler qu’à Genève les contingents de travailleurs d’Etat tiers pour l’ensemble de l’année 2017 avaient déjà été épuisés avant le mois de juillet?

Fort heureusement, la réaction de l’économie et des cantons a produit ses effets: l’exécutif fédéral vient d’annoncer la hausse du nombre d’autorisations à 8.000 pour 2018.

Ce geste ne satisfait que partiellement les milieux économiques qui demandent que le nombre de sésames soit relevé au niveau de 2014, à savoir 8.500 autorisations (dont 5.000 de courte durée et 3.500 autorisations de séjour).

Le Conseil fédéral serait bien inspiré d’exaucer les vœux de l’économie. Non seulement parce que les chiffres en question sont dérisoires par rapport à l’ensemble des mouvements migratoires qui touchent la Suisse.

Mais surtout, en raison de la dynamique de croissance annoncée pour 2018 qui, inévitablement, va accroître la demande en personnel qualifié. Et ce n’est pas l’introduction de la préférence indigène, prévue le 1er juillet prochain, qui permettra de répondre aux besoins des entreprises.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agefi».