Contribution majeure de la libre circulation des personnes à la compétitivité

6 décembre 2013 Communiqués de presse

L’initiative de l’UDC «contre l’immigration de masse», qui est soumise au vote le 9 février 2014, entend saper l’accord actuel sur la libre circulation des personnes avec l’UE. Elle propose, à la place, de réintroduire un système de contingents pour le séjour de travailleurs étrangers. Une étude du Centre de recherches pour le marché de l’emploi et l’économie industrielle de l’Université de Bâle, menée sous la direction du professeur Sheldon, montre que l’initiative de l’UDC n’est pas la solution. Premièrement, la libre circulation des personnes est une réussite sur le plan économique et, deuxièmement, les solutions proposées par l’UDC sont impraticables.

En février prochain, les Suisses se prononceront sur l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse. L’UDC souhaite introduire des plafonds et des contingents pour les autorisations de séjour délivrées à des étrangers en Suisse. Son projet prévoit par ailleurs que les accords internationaux contraires aux nouvelles dispositions soient renégociés. Cela concernerait en particulier l’accord sur la libre circulation des personnes et donc les accords bilatéraux avec l’UE.

Il n’y a pas eu d’immigration de masse
Sur mandat de l’Union patronale suisse, le Centre de recherches pour le marché de l’emploi et l’économie industrielle (FAI) de l’Université de Bâle, sous la direction du professeur George Sheldon, a examiné en profondeur les effets de la libre circulation des personnes sur l’évolution économique de la Suisse. L’étude du FAI arrive à la conclusion qu’il n’y a pas eu d’immigration de masse en Suisse depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE. «La forte augmentation du nombre d’étrangers s’explique avant tout par la forte immigration en provenance principalement des pays du nord de l’UE-17 et de l’AELE et de pays extra-européens qui a démarré au milieu des années 1990 sous l’ancien système de contingents pour atteindre son pic en 2002, année de l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes», a déclaré le prof. George Sheldon.

La résiliation de l’accord n’a pas de sens sous l’angle économique
L’étude montre également que l’immigration nette a contribué à la croissance économique, ce qu’elle explique notamment par le bon niveau de formation de la main-d’œuvre spécialisée européenne. D’après George Sheldon, «un tiers environ de la croissance économique enregistrée entre 2003 et 2009 peut être attribué à ces flux migratoires. La croissance économique, la productivité des travailleurs et le produit intérieur brut par habitant ont augmenté grâce à l’immigration en provenance de l’UE-17/AELE.» Il en ressort que la résiliation de l’accord n’a pas de sens sous l’angle économique. Elle aurait même des effets catastrophiques pour la compétitivité de la Suisse.

La libre circulation des personnes joue un rôle clé
L’économie suisse a très bien résisté à la crise mondiale. Elle affiche une bonne santé éclatante par rapport à d’autres économies et est l’une des plus compétitives à l’échelle mondiale. De plus en plus focalisée sur la recherche, les services et la production, la place économique se caractérise aussi par une capacité d’innovation très élevée. Les produits suisses font un tabac à l’exportation et sont demandés dans le monde entier.

Un marché du travail performant et florissant est décisif pour le succès de notre économie. En l’occurrence, le marché du travail doit garantir l’embauche de spécialistes et de main-d’œuvre spécialisée. Or notre pays fait face à une pénurie de spécialistes et de main-d’œuvre spécialisée précisément. Il ne peut couvrir ses besoins avec son propre réservoir de travailleurs. «La pénurie est particulièrement frappante dans le domaine des professions MINT. Autrement dit, pour les travailleurs ayant une base scientifique. En Suisse, il manque 16 000 ingénieurs environ. En tant que représentant d’une entreprise active dans un domaine de haute-technologie, je le constate quotidiennement», a déclaré Valentin Vogt, président de l’Union patronale suisse et président du conseil d’administration de Burckhardt Compression, une entreprise à vocation internationale sise à Winterthur. C’est précisément pour cela que la libre circulation des personnes joue un rôle clé. Grâce à elle, les entreprises suisses ont la possibilité de couvrir, sans complications, leurs besoins avérés de main-d’œuvre spécialisée.

Des coûts élevés découlant de charges administratives supplémentaires
Il faut se garder de mettre en jeu à la légère le modèle actuel, dont profitent dans une même mesure l’économie et la population. Cela est d’autant plus important que les solutions avancées par les détracteurs de la libre circulation des personnes ne sont pas praticables. «Elles alourdiraient les charges administratives des entreprises et occasionneraient des coûts élevés pour les administrations publiques. En conséquence, des entreprises aujourd’hui compétitives perdraient des atouts. Le chômage augmenterait tout comme les impôts», a déclaré Valentin Vogt en guise de conclusion.