Les droits de douane augmentent le prix des échanges internationaux et affaiblissent la compétitivité, en particulier dans les secteurs axés sur l’exportation. Bien que le gouvernement américain ait annoncé le 9 avril 2025 la suspension durant 90 jours des droits de douane supplémentaires prévus, l’incertitude persiste. Pendant cette période, un taux de douane uniforme de 10 pour cent s’appliquera à la plupart des pays, y compris la Suisse et l’UE. La suite des événements reste ouverte, mais les droits de douane pourraient augmenter plus fortement pour la Suisse que pour l’UE. Si le régime douanier initial s’applique à nouveau après expiration du délai, la Suisse risque de subir à nouveau un désavantage concurrentiel vis-à-vis de l’UE.
Mais les effets ne se limitent pas aux flux commerciaux directs. Un défi au moins aussi important réside dans l’incertitude engendrée par de telles mesures: lorsque les entreprises ne savent pas comment évoluent les marchés de vente, les prix ou les conditions réglementaires, elles investissent moins, reportent leurs projets et font preuve de plus de retenue, même lorsqu’elles embauchent.
Le marché du travail montre les premiers signes d’un ralentissement
En mars 2025, le taux de chômage s’élevait à 2,9 pour cent selon le Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Cela correspond à une augmentation de 2207 personnes, soit 23,2 pour cent par rapport à l’année précédente. Les premiers signes d’un affaiblissement du marché du travail étaient donc visibles avant même l’annonce des droits de douane, même si le niveau de chômage reste modéré.
Malgré tout, l’incertitude qui règne actuellement sur le marché du travail mérite d’être prise en considération sans être surévaluée. Si la situation continue de s’aggraver, la Suisse profitera de son marché du travail flexible, qui a déjà fait ses preuves à plusieurs reprises dans des périodes difficiles. La capacité d’adaptation des entreprises, des instruments ciblés tels que le chômage partiel et l’assurance chômage ainsi que des conditions-cadres fiables ont toujours été décisifs. Le frein à l’endettement, assorti d’un mode de crise intégré, contribue également à la stabilité. Une politique économique ouverte reste tout aussi essentielle, comme la conclusion d’accords commerciaux internationaux et l’établissement de relations fiables avec l’UE, le principal partenaire commercial de la Suisse.
Pas de mauvais signaux: ne pas augmenter davantage les cotisations salariales
Compte tenu de la situation actuelle, il est dangereux de discuter d’une augmentation des prélèvements sur les salaires en ce moment. Depuis le 4 avril, nous savons que la Commission sociale du Conseil des États a décidé de financer la 13e rente AVS par des cotisations salariales; d’autres souhaits de renforcement, comme la suppression du plafonnement des rentes pour les couples mariés, le relèvement des allocations familiales, la création des allocations de garde d’enfants ou l’initiative pour un congé familial sont dans les starting-blocks – et ce, à un moment où de nombreuses entreprises sont déjà confrontées à des incertitudes et à des risques considérables en termes de ventes.
Au lieu de taxes supplémentaires ou de directives bureaucratiques, il faut des mesures qui créent de la confiance de manière ciblée. Il s’agit notamment de conclure de nouveaux accords commerciaux, de réduire les réglementations inutiles et de nouer des relations stables avec l’UE. En ces temps d’incertitude économique, il est important de préserver nos points forts et de ne pas les mettre en péril.
L’Union patronale suisse suit de près l’évolution de la situation et s’engage en faveur de solutions pragmatiques et responsables, dans le but de renforcer la compétitivité de la place économique suisse et de préserver ainsi des emplois à long terme en Suisse. Ceux qui augmentent constamment le prix du travail et le rendent peu attractif envoient un signal dévastateur. C’est tout le contraire de ce dont notre pays a besoin actuellement.