L’avenir sur la sellette

20 juin 2016 Revue de presse

«L’économie numérique est l’économie de l’avenir». C’est en ces termes que le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann a ouvert la 105e Conférence internationale du travail, qui s’est tenue début juin à Genève. Les propos du Président s’inscrivent dans le cadre de «L’Initiative du centenaire sur l’avenir du travail», récemment lancée par l’Organisation internationale du travail (OIT) pour marquer son 100e anniversaire en 2019.

Le travail a-t-il encore sa place dans l’économie du futur? Telle est la vertigineuse question posée aux représentants des 187 pays membres de l’OIT. Leurs travaux n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements, mais d’ores et déjà plusieurs études apportent de précieux éclairages sur les défis posés par la numérisation. La dernière en date est la Synthèse sur l’avenir du travail de l’OCDE, selon laquelle l’automatisation de l’économie menacerait neuf pour cent des emplois dans ses pays membres.

Si le risque de chômage technologique de masse semble écarté, la prédiction de l’OCDE n’en demeure pas moins alarmante: rien qu’à l’échelle helvétique, quelque 400’000 emplois pourraient être remplacés par des robots. Autre menace pour l’emploi salarié: l’essor fulgurant de l’économie dite collaborative, dont Uber et AirBnB sont les fleurons les plus connus.

Si elle comporte plusieurs risques, la révolution digitale «donnera de nouvelles opportunités à beaucoup», pour reprendre les termes des experts de l’OCDE. Selon les estimations, chaque emploi crée par le secteur de la haute technologie entraîne la création d’environ cinq emplois complémentaires.

Quid de la Suisse? Notre pays peut-il tirer son épingle du jeu dans ce processus de destruction créatrice? Oui, répond sans ambages Johann Schneider-Ammann. Dans son allocution à l’OIT, il a détaillé les spécificités du modèle économique helvétique qui sont autant d’atouts pour assurer une transition réussie: la liberté économique, l’excellence de la formation professionnelle et académique, l’efficacité du marché du travail et la solidité du partenariat social.

Ce constat est partagé par UBS qui, dans une étude comparative montrait que la Suisse est le pays le mieux placé pour relever le défi technologique. Si l’optimisme est de mise, rien ne serait plus périlleux que de se reposer sur ses lauriers. Le Conseil fédéral l’a bien compris, lui qui vient de lancer sa nouvelle Stratégie numérique. Les milieux économiques ne sont pas en reste: l’initiative «Industrie 2025» doit permettre d’affronter sans heurt la 4e révolution industrielle.

Alors oui, le futur de l’économie sera numérique, à condition d’adopter des mesures permettant d’exploiter ses potentialités tout en minimisant ses risques. D’énormes efforts en matière de formation seront nécessaires pour ne pas laisser sur le carreau les travailleurs les plus vulnérables.

L’article de Marco Taddei a été publié dans «l’Agefi».