Relations Suisse-UE: 2020, année décisive

6 janvier 2020 Revue de presse

La Suisse et l’UE, thème quasi absent des dernières élections fédérales, fera son retour en force en 2020. Deux défis majeurs sont à relever cette année pour consolider la voie bilatérale, véritable voie royale en termes de croissance et d’emploi depuis 2002: l’adoption de l’accord-cadre institutionnel et le rejet de l’initiative «Pour une immigration modérée».

L’accord-cadre tout d’abord. Après plusieurs années de négociations, une solution de compromis a fait l’objet d’une procédure de consultation au cours du printemps 2019. A cette occasion, les employeurs ont signalé qu’un aboutissement de l’accord supposait un calendrier détaillé et une conduite stratégique du dossier par le Conseil fédéral. L’un et l’autre font encore défaut. Le constat est amer: depuis le 7 juin 2019, date à laquelle l’exécutif fédéral a adopté le rapport de consultation, le dossier a connu un coup d’arrêt.

Les sombres nuages qui planent sur les medtech suisses montrent à quel point il est urgent d’aller de l’avant dans ce dossier. Les employeurs l’ont bien compris: ils apportent leur plein soutien à l’accord–cadre. S’agissant des mesures d’accompagnement, ils posent néanmoins des exigences – maintien du niveau de protection actuel et sauvegarde du système d’exécution dual –, et demandent des clarifications sur certains points. Il reste à espérer que les syndicats assouplissent leur position.

Les Chambres fédérales ont clairement rejeté l’initiative populaire dite de limitation de l’UDC. Le Parlement donne le bon exemple car l’acceptation de ce texte mettrait fin à l’accord sur la libre circulation des personne et, clause guillotine oblige, à l’ensemble des accords bilatéraux I. La prospérité de la Suisse dépend en large mesure de ses échanges avec l’UE et de l’ouverture de son marché du travail: il faudra donc, sans hésitation, glisser un non dans les urnes le 17 mai prochain.

L’initiative de l’UDC est non seulement nuisible mais aussi inutile. Nul besoin d’un nouvel article constitutionnel pour réduire l’afflux de travailleurs européens. L’Accord sur la libre circulation des personnes n’a pas conduit à une immigration de masse, au contraire. Avec 31’200 personnes, le solde migratoire des ressortissants en provenance des pays de l’UE/AELE est resté stable en 2018. Il est en recul depuis cinq ans.

L’immigration européenne vers la Suisse est étroitement liée à la demande de l’économie. Elle répond ainsi aux besoins en main-d’œuvre des entreprises qui ne peuvent être couverts par le personnel autochtone. C’est un atout pour faire face à la pénurie de spécialistes.

Face aux craintes suscitées par les initiants, quelques précisions s’imposent. Les chiffres ne mentent pas: les accords bilatéraux valent à la Suisse un gain de prospérité avoisinant les 4400 francs par habitant par an. Ils ont contribué à créer environ 600’000 emplois dans notre pays depuis 2010. Avec un taux d’emploi de 87,3 pour cent en 2018, les ressortissants de l’UE participent activement au marché du travail helvétique. Cette immigration ne concurrence pas la main-d’œuvre indigène, mais la complète judicieusement.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».