Mobiliser les Romands

22 janvier 2015 Revue de presse

Le nouveau responsable Suisse romande de l’Union patronale suisse, Marco Taddei, a pour mission de créer un réseau du patronat local au sein de l’organisation qu’il incarne dorénavant à Lausanne.

L‘Union patronale suisse (UPS) regroupe 80 associations patronales, auxquelles s’ajoutent des entreprises individuelles, soit au total plus de 100 000 PME et grandes entreprises. Essentiellement alémanique avec son siège à Zurich, elle a décidé de créer une antenne romande. A sa tête depuis septembre 2014, un transfuge de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), Marco Taddei. Il trace les contours de sa nouvelle fonction.

Après dix-sept années passées au sein de l’USAM comme vice-directeur, quelles impressions vous reste-t-il?
Des impressions très positives! Cela a été une période riche; en tant que lobbyiste représentant des PME, j’ai vécu l’expérience inoubliable d’exercer mon métier au saint des saints, le Palais fédéral. Je suis toujours resté en coulisse mais cela n’empêche pas d’avoir une influence sur le monde politique. J’ai pu enregistrer quelques succès, sur le plan fiscal par exemple, et, plus récemment, la suppression de la révision de la loi sur les cartels. J’ai travaillé sur ce dossier lors de séances avec le groupe Construction Romandie; nous avons pu prendre des décisions communes, préparer un dossier étoffé, signé par toutes les associations professionnelles romandes, qui y ont ajouté leurs logos. Au final, les parlementaires ont été très impressionnés.

Cette expérience vous sera-t-elle profitable dans vos nouvelles fonctions?
Très certainement. L’Union patronale suisse est une association faitière de l’économie qui contribue à poser des conditions-cadres favorables à ses membres. Je dispose d’un important réseau de contacts, je connais bien les dossiers et j’ai une bonne connaissance de la mécanique fine du pouvoir.

Vous avez pour mandat de mettre sur pied une antenne romande pour l’UPS. Se soucie-t-elle enfin des Romands?
Elle va s’en soucier davantage. Il y a une véritable volonté stratégique de renforcer sa présence en Suisse, et en particulier en Romandie. Il s’agira pour moi de faire «remonter» les informations romandes à Berne et à Zurich, tout en essayant de mobiliser les Romands, afin que tous nos membres adoptent des positions communes.

De quels moyens disposez-vous?
En fait, l’idée est de mettre sur pied un réseau romand qui permettra de faire circuler les informations. Je vais d’abord faire un état des lieux; c’est une action qui s’inscrit dans la stratégie que je viens d’évoquer. Des objectifs ont été définis et j’ai une large autonomie pour les remplir.

Qui seront vos interlocuteurs sur les plans politique et économique?
Je vais m’adresser à deux cercles: nos membres romands, d’abord, avec lesquels j’ai un lien direct, puis la Société suisse des entrepreneurs (SSE) et Suissetec, ces entités donnant accès aux associations professionnelles, par une cascade d’affiliations. Pour ce qui concerne les non-membres, je pense principalement à economiesuisse et à Avenir Suisse, mais également aux partis politiques.

Quels seront vos chevaux de bataille en 2015?
La priorité ira aux modalités de mise en œuvre de l’initiative contre la libre circulation des personnes acceptée par le peuple le 9 février 2014. Il va y avoir une consultation prochainement et l’Union patronale suisse va essayer d’en être le moteur. Nous allons rassembler tous nos membres et partenaires dans le but de créer un échange, un partage d’idées, en se laissant un peu de temps, trois mois, pour rassembler les différents points de vue et en faire une synthèse pour dégager une position commune. Notre souhait est de parvenir à un assouplissement de la résolution européenne, même si la marge de manœuvre est étroite. Les acteurs politiques pourraient intervenir dans un deuxième temps.

D’autres options en vue?
Oui, nous sommes particulièrement attentifs à l’intégration des seniors sur le marché du travail. Il y aura en mai une conférence nationale sur ce sujet, initiée par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, et nous espérons en tirer des éléments essentiels pour jeter les bases d’un projet. Autrement, nous allons nous positionner très fermement contre l’initiative sur les successions, qui devrait être votée en juin.

Plus globalement, quels axes stratégiques de l’UPS allez-vous mettre en avant?
Nous agissons essentiellement en stratégie défensive contre les initiatives péjorantes, simplement parce que nous avons moins de temps pour «attaquer». Nous voulons agir pour le maintien de conditions-cadres favorables aux entreprises, c’est-à-dire un marché du travail ouvert, une bonne prévoyance retraite et des assurances sociales bien pensées. Un des grands défis sera d’intégrer des forces vives encore trop souvent négligées, comme les jeunes, les femmes et les seniors.

Votre formation et votre parcours vous orientent naturellement vers une vision européenne. Quelles suggestions feriez-vous au gouvernement pour négocier avec Bruxelles après le refus de la libre circulation des personnes en Suisse?
Le principe de préférence nationale et la mise en place de contingents annuels créent un contexte très restreint et la solution à trouver devrait aller dans le sens de l’intérêt de notre économie. L’Union patronale suisse veut s’inspirer de l’exemple du Liechtenstein, membre de l’UE, qui a su préserver une certaine souplesse. Dans cette perspective, nous avons l’intention de mettre sur pied un groupe parlementaire suisse romand, après les élections de 2015, dans les deux chambres du parlement.

L’entretien avec Marco Taddei a été publié dans «bâtir, journal de la construction de la Suisse romande».