Des inégalités salariales surestimées

Des manifestations aux quatre coins du pays, des revendications tous azimuts: la Journée internationale sur les droits des femmes du 8 mars n’est pas passée inaperçue. L’occasion de faire le point sur l’égalité salariale hommes-femmes.

Révisée le 1er juillet 2020, la loi fédérale sur l’égalité (LEg) impose aux entreprises de plus de 100 collaborateurs d’avoir effectué une analyse de l’égalité des salaires jusqu’au 30 juin 2021, sous la supervision d’un organe indépendant. Pour quel résultat?

Les premières évaluations montrent que l’écrasante majorité des grandes entreprises suisses ont un système de rémunération équitable pour les femmes. Selon une enquête menée l’année dernière par l’Université de Saint-Gall, 97 pour cent des entreprises respectent la LEg. Le consultant en rémunération Comp-on parvient à la même conclusion.

Ces résultats sans appel sont passés sous silence par les autorités fédérales. S’appuyant sur une enquête menée en 2018, le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEF) avance un écart salarial entre sexes de 1’512 francs par mois et déclare que près de la moitié (45%) de cette différence reste inexpliquée et correspond à «une discrimination salariale potentielle».

Ces chiffres ne reflètent pas la réalité. L’outil d’analyse Logip, mis à disposition par la Confédération, masque en effet d’importants facteurs, telles les interruptions d’activité professionnelle et l’expérience professionnelle effective, qui ont pourtant une influence considérable sur le niveau des salaires.

Selon une étude de l’Université de Bâle parue récemment, cet outil d’analyse surestime la différence de salaire inexplicable entre femmes et hommes. En utilisant des méthodes plus modernes, on obtient un écart salarial de 6 pour cent pour le domaine privé.

Le hic, c’est que les conclusions alarmistes du BFEF dominent l’agenda politique et par là même renforcent le sentiment d’une discrimination salariale des femmes, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles revendications en faveur d’un durcissement de la loi sur l’égalité.

A travail égal, salaire égal. Comme le montrent des études récentes, la grande majorité des entreprises suisse respecte ce principe. Cependant, leurs efforts resteront vains tant que la méthode utilisée par la Confédération pour calculer les différences de salaires entre hommes et femmes ne sera pas revue et corrigée.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L’Agéfi».