«Des entrepreneurs innovants contribuent à la prospérité de la Suisse»

14 octobre 2016 Revue de presse

Le risque d’abus via le retrait du capital pour le lancement d’une activité indépendante? Ces entrepreneurs ont mûrement réfléchi à cette démarche et pesé précisément les risques. Les employeurs comptent sur la responsabilité individuelle des intéressés. C’est ce que dit Martin Kaiser, responsable du secteur Politique sociale de l’Union patronale suisse.

Vous affirmez que les économies de 150 à 170 millions de francs proposées par le Conseil fédéral dans le domaine des complémentaires sont «purement cosmétiques». Mais votre proposition de serrer la vis aux abus dans les propriétés à l’étranger apparaît aussi comme une «goutte d’eau sur une pierre chaude», non? Cela fait un peu populiste et méthode «UDC»…?
Les nombreux abus sont un signe clair que le système des prestations complémentaires (PC) doit être réformé de fond en comble. L’établissement précis des responsabilités doit faire partie d’une réforme au chapitre de la lutte contre les abus à côté de laquelle le Conseil fédéral risque de passer. Le partage des tâches entre Confédération et cantons a rendu le système opaque et difficile à gérer. Il est grand temps de procéder à ce désenchevêtrement entre la Confédération et les cantons.

Vous vous opposez à une limitation du retrait du capital destiné à financer une activité indépendante en phase de démarrage. N’y a-t-il pas pourtant aussi un risque d’abus via cette possibilité? Retirer le capital, faire faillite et tomber sous le régime des complémentaires, certains pensent qu’il faut casser cette spirale…?
Dans notre monde dynamique, nous avons besoin plus que jamais d’entrepreneurs de start-ups innovantes. Ils créent des emplois et contribuent à la prospérité de la Suisse. Ceux qui fondent une entreprise avec leur capital propre et celui de leurs deuxième et troisième piliers ont mûrement réfléchi à cette démarche et pesé précisément les risques. C’est pourquoi les employeurs comptent sur la responsabilité individuelle des intéressés. C’est elle et non une mise sous tutelle de l’Etat qui est à la base d’une économie suisse forte et prospère et de la cohésion sociale du pays.

Les syndicats craignent que les gens tombent à l’aide sociale si on durcit le régime des prestations complémentaires. Ces craintes vous paraissent donc infondées?
Ces craintes sont infondées, car les employeurs ne demandent pas un abaissement des PC pour tous les bénéficiaires avec des ressources qui se raréfient, il importe de soutenir ceux qui ont véritablement besoin de ces prestations, ceux et celles dont les rentes, fortune ou revenus ne permettent pas de vire correctement. Ceux-là – et ceux-là seuls – ont droit selon la Constitution à la couverture du minimum vital par les PC.

Vous soutenez en revanche l’idée de mieux prendre en compte la fortune des bénéficiaires. Concrètement, cela signifie abaisser le seuil pour y avoir droit de 37’500 à 30’000 francs. Sur ce point vous êtes d’accord avec la gauche. C’est donc sur ce point que les chances de progrès sont les meilleures?
Fixer un seuil au niveau de la fortune représente une mesure importante parmi d’autres pour réformer le système des PC. Cette mesure aurait d’heureux effets annexes, puisqu’elle réduirait le volume des PC et contiendrait quelque peu, du même coup, le monstre bureaucratique des prestations complémentaires.

Vous n’entrez pas en matière sur le déplafonnement des prestations complémentaires liées au logement. Pro Senectute vient pourtant de tirer la sonnette d’alarme, évoquant 40’000 couples de retraités qui n’arrivent pas à vivre avec les prestations complémentaires en raison du plafonnement actuel. Votre avis?
L’Union patronale suisse est opposée à ce que l’on traite isolément et de manière anticipée l’augmentation du loyer minimal gelé, comme l’a proposé le Conseil fédéral. La réforme doit être abordée dans son intégralité. Un tel remaniement du système est une entreprise complexe. Ce serait donc une erreur de traiter isolément de manière anticipée des mesures telles que le relèvement des montants maximaux pris en compte pour les loyers. Si l’on veut un système de prestations complémentaires viable à l’avenir dans l’intérêt des plus faibles du corps social, il doit être intégralement réformé.

L’entretien avec Martin Kaiser a été publié dans le «Confédéré».