Complainte calculée de l’Union syndicale suisse

13 juillet 2016 Nouvelles

Des écarts salariaux béants, des primes de caisses maladie qui prennent l'ascenseur, des rentes AVS maigrichonnes: l'Union syndicale suisse, dans son dernier rapport sur la répartition, se signale par le tableau tronqué qu'elle donne du pouvoir d'achat en Suisse. Des études indépendantes arrivent cependant à la même conclusion que les employeurs: la pauvreté a diminué dans notre pays.

Dans son rapport sur la répartition des revenus et de la fortune, l’Union syndicale suisse (USS) se montre inquiète à divers titres. Elle dénonce ainsi de (trop) fortes disparités entre hauts et bas salaires. Conjointement avec l’Université de Bâle, l’Institut de recherches BAK livre quant à lui une analyse indépendante et objective qui met en évidence, au contraire, une distribution aujourd’hui plus équilibrée des revenus grâce à la progression atténuée des très hauts salaires et aux améliorations apportées aux bas salaires. Cette étude fait également valoir un recul de la pauvreté et une stabilisation de la proportion de bénéficiaires d’aides sociales.

L’USS pointe la hausse des primes des caisses-maladie, qui fait que les personnes à faibles et moyens revenus ont moins d’argent pour vivre. Mais ces primes ne sont que l’un des nombreux facteurs ayant une incidence sur le coût de la vie. Actuellement, par exemple, la hausse des primes-maladie est contrebalancée par une légère progression des salaires. De même, les loyers ont diminué grâce à la baisse du taux d’intérêt de référence observée sur un large front. En outre, l’évolution du pouvoir d’achat est essentiellement déterminée par les prix à la consommation dans leur ensemble. Or, ces dernières années, le renchérissement a été nul, voire négatif. Ce qui signifie que les consommateurs se retrouvent depuis longtemps avec davantage d’argent dans leur porte-monnaie.

L’USS reconnaît que l’AVS déploie un effet compensatoire qui permet d’éviter la pauvreté à la retraite. Contre l’avis du Conseil fédéral, cependant, elle réclame une augmentation de 10 pour cent toutes les rentes AVS, celles des riches comme celles des pauvres. Pourtant, à cause de l’augmentation des cotisations qu’elle impliquerait, une extension de l’AVS aurait inévitablement pour effet d’affaiblir le pouvoir d’achat de la population active, au détriment surtout de ceux qui sont les plus touchés par la pauvreté: les jeunes et les familles.

Compte tenu de l’évolution sensiblement négative du renchérissement annuel et de la légère augmentation des salaires en 2015, décision a été prise, pour la première fois, de ne pas majorer les rentes AVS et AI pour 2017 (voir la recommandation de la Commission fédérale de l’AVS/AI au Conseil fédéral et la décision de celui-ci). Parce que les adaptations, autorisées tous les deux ans, ont été fondées sur des estimations à maints égards exagérées du renchérissement et de l’évolution des salaires, les rentiers AVS et AI ont ainsi bénéficié pendant des années de majorations de rentes trop généreuses.