La Suisse, le pays où il fait bon travailler

16 novembre 2016 Revue de presse

Les salariés helvétiques bénéficient de conditions enviables qui ne cessent de s’améliorer au fil du temps. Or, ce contexte favorable aux salariés ne semble pas satisfaire les syndicats.

Fléau de nos sociétés modernes, le stress semble également affecter le monde du travail. A en croire le «Job Stress Index» publié par Promotion Santé Suisse en août de cette année, un actif sur quatre – soit 1,3 million de personnes – serait à la fois stressé et épuisé au travail.

Si la santé des salariés en pâtit, ce mal-être frappe aussi les entreprises. Les coûts du stress – baisse de la productivité, explosion de l’absentéisme – sont estimés à quelque 5,7 milliards de francs par an.

Des chiffres qui interpellent: la Suisse serait-elle devenue un cancre en matière de santé au travail? Les conditions de travail seraient-elles en train de se dégrader dans nos entreprises? Qu’on se rassure: la Suisse demeure un pays où il fait bon travailler. Si certains actifs se sentent sous pression, la grande majorité d’entre eux ne ressentent pas de surmenage professionnel et se disent satisfaits de leur emploi.

Deux études confirment ce constat. L’enquête comparative «Measuring and assessing job quality» publiée au début de 2016 par l’OCDE montre que la Suisse est un petit coin de paradis en matière de sécurité et de santé au travail.

Autre résultat réjouissant: la peur de perdre leur emploi est nettement plus faible chez nous que dans les autres pays de l’organisation internationale.

L’étude «La qualité de l’emploi en Suisse» de l’Office fédéral de la statistique (OFS) de 2015 observe quant à elle une amélioration générale des conditions de travail dans notre pays au cours de ces dix dernières années, qui s’accompagne d’une diminution du nombre des accidents et des maladies professionnels.

Quid de la durée du travail, considérée comme une source de stress? Sur ce point aussi, l’étude de l’OFS apporte de bonnes nouvelles: de 2004 à 2014 la durée hebdomadaire du travail à plein temps est passée de 42,6 à 41,5 heures. Pendant la même période, le nombre de jours de vacances a augmenté en moyenne de 0,9 jour par an.

On le voit, les salariés helvétiques bénéficient de conditions de travail enviables qui ne cessent de s’améliorer au fil du temps. Or, ce contexte favorable aux salariés ne semble pas satisfaire les syndicats. Pour preuve: la stratégie visant à «combattre les horaires de travail toujours plus chronophages», lancée il y a quelques jours par l’Union syndicale suisse (USS).

La centrale syndicale s’en prend en particulier à deux interventions parlementaires déposées par les Conseillers aux Etats Karin Keller-Sutter et Konrad Graber portant sur l’enregistrement du temps de travail, qui à ses yeux constitueraient des «attaques effrontées contre les horaires de travail réglementés et la protection de la santé».

L’USS mène un combat d’arrière-garde et se trompe de cible. Libérer le personnel dirigeant et les spécialistes de l’obligation de saisie du temps de travail, comme le demande l’initiative parlementaire Keller-Sutter, ne constitue qu’une légère entorse – limitée aux cadres des entreprises – aux règles qui encadrent l’enregistrement du temps de travail. Cet assouplissement, qui s’avère nécessaire en raison de la diversité accrue des formes de travail, ne porte pas atteinte à la santé des salariés.

L’article de Marco Taddei a été publié dans «l’Agefi».