La Suisse est-elle toujours attractive?

9 décembre 2014 Revue de presse

Une fois de plus, la Suisse trône en tête du classement de la compétitivité mondiale du World Economic Forum. Mais tout n’est pas rose pour autant. Depuis quelque temps l’attractivité de la Suisse est remise en question.

Une fois de plus, la Suisse trône en tête du classement de la compétitivité mondiale du World Economic Forum (WEF). Heureux pays, dont les atouts attirent les investisseurs du monde entier: stabilité politique, flexibilité du marché du travail, excellence du système de formation, capacité d’innovation et haut niveau de qualification de la main-d’œuvre.

Mais tout n’est pas rose pour autant. Depuis quelque temps, la vigueur du franc et les menaces contre le secret bancaire aidant, l’attractivité de la Suisse est remise en question. A en croire les statistiques des cantons, le nombre d’implantation d’entreprises étrangères en Suisse a reculé, par rapport aux années précédentes, de 20 pour cent en 2012 et de 5 pour cent en 2013. Et cette tendance négative pourrait s’accentuer en raison de l’incertitude liée à deux réformes majeures.

La mise en œuvre de l’initiative «Contre l’immigration de masse», tout d’abord. La fixation de quotas de main-d’œuvre étrangère va-t-elle mettre fin à la voie bilatérale et plonger la Suisse en récession? Nul ne le sait aujourd’hui. Mais une chose est sûre: les aléas du vote du 9 février 2014, qui pourraient se prolonger jusqu’en 2017, planent comme une épée de Damoclès sur notre place économique. Quel investisseur est prêt à jeter son dévolu sur un pays où le recrutement de personnel pourrait être mis sous tutelle étatique?

Autre inconnue: la réforme de l’imposition des entreprises III, actuellement en consultation. Réforme cruciale pour l’avenir du pays, non seulement parce qu’elle concerne l’ensemble de nos entreprises, mais parce qu’elle est de nature à redessiner les contours de la péréquation financière, pierre angulaire de notre fédéralisme. Si l’on veut que la Suisse demeure en tête du classement de la compétitivité du WEF, il faut non seulement relever ces deux défis d’envergure, mais tout mettre en œuvre pour maintenir, voire améliorer, les conditions-cadre qui sont au cœur du modèle économique suisse à succès.

L’article de Marco Taddei a été publié dans «Le Monde Economique».