Réinsertion de manière autonome

23 juin 2015 Nouvelles

Le Conseil national a rejeté deux motions visant à faciliter la réinsertion professionnelle. L’Union patronale suisse salue cette décision. Des offres de formation de haute qualité et des structures d’accueil extra-familial doivent en effet primer sur le financement public de personnes voulant réintégrer le monde professionnel.

En Suisse, le taux d’activité augmente depuis de nombreuses années, une évolution due à la part croissante de femmes sur le marché de l’emploi. Selon l’enquête suisse sur la population active, la hausse est particulièrement marquée dans les deux tranches d’âges de 25 à 39 ans et de 55 à 64 ans. Dans le premier groupe, la conciliation entre emploi et famille est devenue la norme selon l’Office fédéral de la statistique. Dans le second groupe, une des explications possibles de la hausse est l’âge légal de la retraite plus élevé qui, entre 2001 et 2005, est passé en deux temps de 62 ans à 64 ans pour les femmes.

Ces données suggèrent que la réinsertion professionnelle fonctionne bien. L’étude «Offres dans le domaine de la réinsertion professionnelle» (en allemand) de l’institut gfs.bern, menée en 2010 sur mandat de l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT), était arrivé à la même conclusion. Selon les sondés, réintégrer le monde professionnel n’est pas tout simple, mais ceux qui ne se laissent pas décourager trouvent pour la plupart un moyen de pouvoir à nouveau exercer une activité lucrative. D’ailleurs seule une faible minorité veut repousser encore le retour à la vie active, voire l’abandonner. L’on peut donc conclure que la grande majorité réussit sa réinsertion professionnelle. Il reste cependant un petit groupe qui, malgré les offres de soutien, n’y parvient pas.

Partant du Conseil national, le Conseil fédéral a été chargé à travers deux motions de faciliter la réinsertion professionnelle des personnes qui se sont retirées du marché de l’emploi pour des raisons essentiellement familiales. La motion Meier-Schatz misait sur le bon de formation, la motion van Singer sur la création d’un fonds de réinsertion. Dans sa session d’été 2015, le Conseil fédéral a recommandé de rejeter ces motions, en suspens depuis plus de deux ans. C’est ce que le Conseil national vient de faire.

L’Union patronale suisse se réjouit que ces motions soient à présent liquidées car elle est convaincue que le succès d’une réinsertion ne peut pas être limité au soutien financier offert par l’État pour les divers cours en la matière. La reprise d’un emploi résulte de plusieurs éléments comme la conjoncture, les enjeux techniques et personnels et les exigences de l’environnement professionnel. Les pouvoirs publics doivent s’engager pour de meilleures structures d’accueil extra-familial, les employeurs et les employés pour une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale.

Les aspects de la formation en lien avec la réinsertion professionnelle ont été étudiés dans le cadre du projet de la loi sur la formation continue (LFCo, entrée en vigueur le 1er janvier 2017) et de l’article 32, al. 2, let b de la loi sur la formation professionnelle. Il n’a pas pu être établi que l’État devait agir en matière de financement. Pour les personnes ayant un diplôme post-obligatoire (p. ex. formation professionnelle) ou des qualifications d’un niveau supérieur, l’utilité de la formation continue est le plus souvent d’ordre privé (côté employés et employeurs) et l’intérêt à cet égard donc suffisamment grand pour que des réglementations ou mesures de soutien étatiques ne soient pas nécessaires.

En outre, les associations professionnelles les plus touchées ont, avec leurs établissements de formation, développé une vaste offre de formation continue pour combler les déficits de nature plutôt technique souvent constatés chez les personnes voulant revenir à la vie active («aide-toi toi-même»). Toutes les conditions requises sont donc déjà réunies dans les structures du système de formation et de formation continue professionnelle. Il va sans dire que les entreprises doivent également s’impliquer, notamment face aux défis posés par l’évolution démographique.