Interventions parlementaires bien intentionnées, mais contreproductives

17 avril 2015 Nouvelles

Deux interventions parlementaires actuellement pendantes visent à promouvoir la qualification professionnelle des adultes. Les mesures qu’elles envisagent partent d’une bonne intention, mais vont finalement à fins contraires. Premièrement, elles cannibaliseraient la formation professionnelle, deuxièmement, elles ignoreraient sa logique et troisièmement, elles tomberaient à plat, comme mainte offensive précédente sur la formation.

Sont actuellement pendantes auprès de la Commission de l’éducation, de la science et de la culture du Conseil des Etats une initiative parlementaire ainsi qu’une motion identique sur la formation professionnelle initiale. Les deux interventions demandent que la Confédération mette à disposition pendant quatre ans 50 millions de francs au maximum pour diverses mesures de qualification des adultes, par exemple pour la formation de rattrapage des adultes ou pour des mesures d’intégration professionnelle.

L’Union patronale suisse reconnaît la valeur des qualifications complémentaires et supérieures des adultes, tant pour des raisons de marché de l’emploi que de politique sociale. Les objectifs correspondants de politique de la formation sont déjà visés par des mesures plus appropriées que celles contenues dans les deux interventions. Par exemple via le projet du SEFRI «diplôme professionnel et changement de profession pour les adultes» ou via l’acquisition et le maintien de compétences de base dans le cadre de la loi sur la formation continue. Conclusion: Les interventions partent certes d’une bonne intention, mais elles sont inutiles.

Des interventions allant fins contraires pèseraient lourd:

Si elles devaient être mises en œuvre, il faudrait premièrement s’attendre à des problèmes de financement dans d’autres domaines de la formation professionnelle. Car celui-ci englobe une multitude de domaines dignes d’être encouragés: notamment les écoles professionnelles, la préparation à la formation professionnelle initiale, les examens de fin d’apprentissage et la formation professionnelle supérieure. Il faut arriver à trouver dans le cadre du système de financement de la loi sur la formation professionnelle un équilibre délicat entre ces domaines à encourager de manière ciblée. Les décisions isolées entraînent des distorsions indésirables et des effets de cannibalisation.

Deuxièmement, ce serait briser un tabou que d’utiliser les ressources destinées à la formation pour la perte de gain. D’une part, les coûts seraient énormes, d’autre part cette démarche ne correspondrait pas à l’esprit de la formation professionnelle. Non seulement cette dernière doit se poursuivre en cours d’emploi, elle doit aussi être étroitement liée à l’emploi. Une allocation pour perte de gain reviendrait à ignorer cette logique.

Enfin, l’expérience montre que les «démarches offensives» à court terme et souvent largement dotées en matière de formation n’obtiennent pas de résultats durables, mais ne servent qu’à mettre en place des structures. Cela notamment parce qu’il est difficile d’atteindre les groupes cibles. Il faut donc partir de l’idée que rares sont les adultes sans diplôme qui sont prêts à poursuivre leur qualification. Il serait plus approprié de sensibiliser les personnes concernées et de les entourer de conseils.