Critiquables motions dirigistes sur le thème de la main-d’œuvre qualifiée

20 février 2015 Nouvelles

Diverses interventions parlementaires demandent au Conseil fédéral de favoriser le recours à la main-d’œuvre indigène via des modifications légales et des mesures ciblées dans le domaine de la formation. Ces propositions posent problème, car elles vont à l’encontre de l’orientation fondamentale imprimée jusqu’ici avec succès à la politique suisse en matière de formation et de marché du travail.

Plusieurs motions déposées simultanément chargent le Conseil fédéral de soumettre au Parlement des modifications législatives permettant de mieux exploiter le potentiel de la main-d’œuvre autochtone. Il s’agit par là de lutter contre la pénurie de personnel qualifié et de réduire la dépendance de la Suisse à l’égard des travailleurs étrangers. Etonnamment, le Conseil fédéral accepte ces propositions d’inspiration dirigiste. Il précise toutefois que, dans la mesure où celle-ci a fait ses preuves, il entend maintenir sa politique du marché du travail et de la formation et n’adapter la législation que de manière ponctuelle.

Des travailleurs bien formés et du personnel spécialisé sont indispensables au succès et à la prospérité de notre pays. Un marché du travail adéquatement approvisionné en main-d’œuvre qualifiée est donc primordial, pour la population comme pour l’économie.

S’il est vrai, en général, qu’on ne peut remédier à court terme à une pénurie structurelle de main-d’œuvre qualifiée, on admet que celle-ci se résorbe progressivement d’elle-même à moyen et long termes. Très souples, les marchés du travail et de la formation sont en effet capables de réagir efficacement contre le manque de personnel spécialisé.

Il est tout à fait souhaitable que le gouvernement, dans le cadre de ses compétences législatives actuelles, consacre encore plus d’attention au thème du personnel qualifié. Des mesures renforcées découlant de l’initiative visant à combattre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, par exemple pour améliorer la formation professionnelle (supérieure), augmenter le taux d’activité des femmes grâce à des structures d’accueil de jour en milieu scolaire ou relever l’âge de référence de la retraite, mesures mises en œuvre dans le cadre des objectifs du Conseil fédéral et des plans directeurs correspondants, permettent en effet d’apporter une réponse coordonnée à la pénurie de personnel qualifié. Il faut impérativement maintenir les grands axes de la politique en matière de formation et de marché du travail qui, comme le Conseil fédéral l’a lui aussi souligné, ont largement fait leurs preuves. On attend des politiques qu’ils fassent en sorte que les domaines concernés puissent réagir de manière optimale aux impulsions du marché du travail.